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L’amère pilule de l’austérité !

L’amère pilule de l’austérité !

jeudi 15 novembre 2012

 

Nombre de pays européens croupissent sous le poids de la crise de la dette, qui a atteint son point d’orgue, dans les années 2008. Un à un, les Etats ont perdu leur triple « A », synonyme de la dégradation de leur bonne santé économique. Conséquence, il faut se serrer la ceinture, pour pouvoir redresser les économies de ces pays, afin d’éviter que ces Etats, sinon l’Union européenne, ne tombent en faillite ! Ainsi, le concept d’austérité, a été mis au goût du jour. En quelque sorte, c’est comme s’il est demandé aux Etats de l’Europe, de s’administrer des sortes de Programmes d’ajustement structurels (PAS), appliquer, sans état d’âme, aux pays africains, dans les années 1990. Si la pilule est passée dans les pays africains, à l’époque, entraînant des privatisations, des licenciements, avec les effets sociaux terribles, elle a du mal à passer en Europe

 

L’amère pilule de l’austérité !

 

Et cela suscite des levées de boucliers. La lutte des habitants des pays du continent européen tend même à s’uniformiser. L’exemple a été donné à voir, le mercredi 14 novembre 2012. Un mercredi noir, de colère, contre les effets de la crise économique. En effet, de nombreux pays de l’Union européenne (UE) ont choisi ce jour pour manifester leur horreur de l’austérité à eux imposée. Des manifestations se sont donc déroulées, dans pratiquement tous les pays de l’UE, à l’exception de l’Estonie et de la Slovaquie. L’on a ainsi assisté à une journée de grève générale en Espagne et au Portugal, une interruption de travail de quelques heures en Grèce et en Italie. Des actions ont aussi été enregistrées en Belgique... L’objectif de tous, c’est de dire « non à l’austérité ».

C’est vrai, l’austérité n’est pas facile à supporter. Cela demande beaucoup de remise en cause, de renonciations, de pertes d’intérêts, etc., cependant, il y a lieu de se poser des questions, au vu de ces manifestations. N’y a-t-il pas lieu d’affronter la crise, sans faux fuyant ? Faut-il continuer à se voiler la face et à vouloir vivre comme si de rien n’était ? Qui va payer afin que la situation revienne à la normale ? La pilule est difficile à avaler, mais, tôt ou tard, il va falloir faire des concessions, serrer vraiment la ceinture, pour relever les économies de ces pays. Il serait illusoire de croire que quelqu’un d’autre viendra payer à la place des citoyens d’un pays pour les sauver de la déconfiture. En cela, des exemples existent. Le cas des PAS appliqués à l’Afrique peut être étudié. Si cela est déshonorant et honteux, plus près, en Europe, des pays ont connu cette traversée du désert et ont pu se relever. Leur politique mise en place pour relever la barre peut inspirer.

Et, en la matière, l’exemple vient des pays nordiques : Danemark, Finlande, Suède et la Norvège qui ont perdu leur « AAA » et ont retrouvé la note suprême, entre 2001 et 2004, au prix de rudes sacrifices budgétaires. En effet, ces pays, dépendant de la manne pétrolière, ont été victimes d’une chute brutale des cours à la fin des années 1980. Conséquence, les trois premiers ont perdu leur « AAA » entre 1983 et 1993, après avoir traversé une sévère crise économique. « La Suède a connu, à l’époque, une bulle immobilière et boursière tandis que la Finlande a surtout subi le contrecoup de l’effondrement de l’Union soviétique, son principal partenaire commercial », précise Helge Pedersen, chef économique de la banque scandinave Nordea.

Autre exemple, et cela se passe de l’autre côté de l’Atlantique, au Canada. Ce pays avait aussi perdu son « AAA » en 1992, là aussi, à la suite d’une profonde crise économique et bancaire. Mais, il l’a récupéré en 2002, après avoir remis requinqué ses finances publiques. Pas sans sacrifices ! Une cure qui lui a permis de traverser la crise financière de 2008, sans trop de heurts...

C’est également le cas de l’Australie, qui, grâce à la croissance économique dopée par ses sous-sols riches de matières premières, a retrouvé son « AAA », en 2003, soit 17 ans après l’avoir perdu. Un long chemin de croix pour ce pays qui a arrêté, en 1997, d’augmenter sa dette en dollars. Le pays a ainsi profondément transformé son économie, modernisé le système financier et développé une puissante industrie minière. En Europe, trois pays, aujourd’hui affaiblis, ont bénéficié, un temps, du fameux « AAA » : l’Espagne (de 2003 à 2010), l’Irlande (de 2001 à 2009) et l’Islande (de 2005 à 2008). Mais ces bonnes notes reposaient sur une bulle immobilière qui a gonflé les recettes fiscales… En définitive, que retenir ? Comment les pays qui avaient perdu leur « AAA » ont-ils pu se relever ? Cela a été douloureux, mais l’histoire est là pour nous enseigner que c’est au prix de drastiques coupes dans les dépenses publiques et d’une rigueur budgétaire qu’ils ont pu relever la pente. Ainsi, ils ont retrouvé la meilleure note, en 2001 pour le Danemark, en 2002 pour la Finlande et en 2004 pour la Suède.

Ces pays constituent donc la preuve vivante qu’il est possible de sortir de ce gouffre. Mais, avant, les Etats doivent créer un dialogue social franc et respectueux avec les travailleurs qui sont les premières victimes de ces situations. Il faut faire de telle sorte que le sacrifice soit commun et que les travailleurs n’aient pas l’impression qu’ils payent pour que les « patrons » se sucrent. En clair, tout le monde doit payer, car, riches ou pauvres, chacun constitue une partie de la solution.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yayahoo.fr)

Sidwaya




15/11/2012
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