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Réconciliation nationale : Le bal des hypocrites

Réconciliation nationale : Le bal des hypocrites

Les assises nationales du CCRP devraient jeter, nous l’espérons, les bases de la refondation politique et sociale du Burkina, une certaine opinion, friande de débats sur le sexe des anges, nous ressort sa rengaine favorite, qui consiste à « seriner » que ces assises, non seulement sont « coûteuses » mais, pire, inutiles si tant est qu’elles ne devraient guère accoucher de conclusions à même de vider le contentieux politique et économique pour réconcilier véritablement les burkinabè entre eux.

Pour nos libres penseurs, la seule finalité de ces assises est de permettre à « monsieur » Blaise COMPAORE de se maintenir au pouvoir et de créer ainsi une situation grosse de dangers pour la paix sociale que le même Blaise COMPAORE s’évertue par ailleurs à maintenir chaque fois que de besoin et avec bonheur, il faut le dire, jusque-là.

S’il est normal que chacun voie midi à sa porte et ait son point de vue sur le processus entamé depuis quelques mois et dont Blaise COMPAORE avait déjà donné le top de départ en décembre 2009, lors de son adresse à la Nation à l’occasion de la célébration de l’indépendance du pays, on ne peut que s’étonner devant une vision si réductrice d’un si noble « combat » et dénoncer de ce fait la mauvaise foi de ses tenants. Blaise COMPAORE avait-il en effet le couteau sous la gorge (l’a-t-il du reste jamais eu ?) lorsqu’en décembre 2009 il appelait ses compatriotes à réfléchir sur des réformes qui emporteraient l’adhésion de tous et consolideraient de ce fait nos acquis démocratiques ?

Assurément non, et plus que sa propre personne, c’est l’avenir serein du pays que l’homme d’Etat préparait à travers ses propos, convaincu qu’il était, que le contentieux politique et économique dont nous faisons cas plus haut, s’il n’était pas régler en sa présence, pouvait remettre en cause, définitivement ,notre processus démocratique. En effet, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles au Burkina, notre histoire politique parfois douloureuse ayant laissé des plaies qui, même si elles sont cicatrisées, tardent à se refermer complètement. Il y a des cœurs et des âmes à soulager, et c’est cela nous semble t-il le but ultime de cette palabre nationale.

Acteur majeur de cette histoire politique au cours de ces dernières années, Blaise COMPAORE peut-il courir le risque de léguer ce contentieux à son successeur sans ouvrir la voie à des règlements de comptes dont lui-même pourrait être une victime expiatoire ? Sans renier la foi que nous avons aux humains, il faut avouer que l’histoire des peuples est jalonnée de boucs émissaires sacrifiés sur l’autel de la paix après des jugements dignes de Ponce Pilate.

On comprend d’autant plus la méfiance du PF que certains lui attribue déjà tous les crimes politiques ou non allant parfois jusqu’à impliquer son entourage familial dans la commission de ceux-ci sur la base d’arguments qui bien souvent ne résistent pas à l’analyse juridique. Alors oui, d’accord pour l’alternance mais pas dans le cadre d’un marché de dupes où l’on s’observe, la dague bien dissimulée dans le dos et prêt à porter le coup fatal pour peu que la garde soit baissée.

Blaise COMPAORE a trop donné de sa personne pour que nous le payions en monnaie de singe en échange de la liberté qu’il nous a apportée au péril de sa vie. Il faudra donc accepter de vider le contentieux avec lui, plutôt que de faire des comparaisons hasardeuses avec des pays dont l’histoire politique est aux antipodes de celle du Burkina.

Donnons-nous du temps pour solder définitivement les comptes du passé plutôt que d’aller à une alternance précipitée que l’on aurait à regretter. Cela passe peut-être par une ouverture politique mais ne saurait consister aucunement à un renoncement, car on serait là dans une situation où l’on enterre le cadavre en laissant ses pieds dehors.

L’occasion ultime nous est offerte avec ces Assises nationales, et, les chimères des tartufes opportunistes ne devraient point l’hypothéquer. Ce n’est donc pas à une foire hippie où bien de participants ne comprennent rien à rien que nous sommes conviés mais bel et bien à un moment de vérité pour l’ensemble de la Nation que tous les Burkinabè devraient saisir à pleines mains.

Alpha YAYA
L’Opinion



12/01/2012
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