Abououoba

Abououoba

Philosophie ET Morale CHEZ LES MOSSI

Photo de Philosophie ET Morale CHEZ LES MOSSE.
16 mai 2015

HISTOIRE TRADITIONNELLE DES MOSSI DE OUAGADOUGOU
PAR Yamba TIENDREBEOGO dit NABA ABGHA (Rédaction de R. PA GEARD).

NOTA BENE: je ne fais que partager ce que j'ai trouvé dans mes fouines. sinon le travail est de feu larllé naaba Yamba TIENDREBEOGO dit NABA ABGHA (Rédiger par R. PA GEARD). SOSTHENE

LISTE CHRONOLOGIQUE DES MOGHO NABA DE OUAGADOUGOU

La durée des règnes des Mogho Naba n'est connue d'une façon précise que depuis 1897, année de l'arrivée des Français. Le Bend Naba et les griots de la Cour sont toutefois détenteurs d'une tradition qui indique à une année près la durée du règne de chaque Mogho Naba.

La généalogie impériale est énoncée chaque matin par les sons des tambours dès que le Mogho Naba paraît pour effectuer sa première sortie (Ouendpoussinga). Grâce à cette tradition, il est possible de reconstituer la chronologie des Mogho Naba en partant du présent et en remontant dans le passé. C'est cette méthode logique qui sera suivie ici.

1-Ouedraogo de ....à 1132
2-Zoungrana 1132-1182
3-Oubri 1182-1244
4-Naskiémdé 1244-1286
5-Nasbiré 1286-1307
6-Soarba 1307-1323
7-Gnignemdo 1323-1337
8-Koundoumié 1337-1358
9-Naaba Kouda 1358-1401
10-Dawingma 1401-1409
11-Zoétré Bousma 1409-1441
12-Naaba Niandfo 1441-1511
13-Nakim dit nadim-zanga 1511-1541
14-Namégué 1541-1542
15-Naaba Kiba 1542-1561
16-...Kimba 1561-1582
17-Goabga 1582-1599
18-Guirga 1599-1605
19-Naaba Zana 1605-1633
20-naaba Oubi 1633-1659
21-...Motiba 1659-1666
22-Warga 166-1681
23Zombré 1681-1744
24-Koom I 1744-1762
25-Saaga I 1762-1783
26-Doulougou 1783-1802
27-Sawadogo-1802-1834
28-Karfo 1834-1842
29-Naaba baongo 1842-1850
30-Naaba Koutou 1850-1871
31-Nanem 1871-1889
32-naaba Boukari Koutou dit Wobgo (celui dont il est question dans cet article)1889-1897
33-Naaba Siguiri 1897-1905
34-Naaba Koom II 1905-1942
35-naaba saaga II 1942-1957
36-Naaba Kougri 1957-1982
37-Naaba Baongo II 1982

1-Naba Ouedraogo.
Sa mère était la première fille du chef de Gambaga (actuel Ghana).
Ce chef n'ayant pas d'héritier mâle, cette fille était tenue de se conduire comme un garçon. Elle participait donc aux actions de guerre et montait à cheval. Un jour, dans des circonstances banales, son cheval prit le mors aux dents, s'emballa et entraîna sa maîtresse

dans la brousse. Le cheval s'arrêta à une quarantaine de kilomètres de Gambaga et la princesse dut passer la nuit dans la petite hutte d'un chasseur de la région. Elle demeura avec cet homme et en eut un fils qui fut appelé Ouedraogo par le père en souvenir du cheval fougueux qui avait conduit la princesse jusqu'à lui.
Lorsque l'enfant atteignit sa septième année, la princesse décida de le présenter au chef de Gambaga, son grand-père. Cette démarche était pleine de danger car la mère de Ouedraogo s'était rendue coupable d'un grave délit en abandonnant Gambaga et son père. La princesse fit intercéder auprès de ce dernier et se présenta devant lui. Après sept jours de réflexion, le chef de Gambaga fit réunir son Conseil et informa les notables qu'il accordait à son petit-fils une importante dotation en chevaux, bœufs, moutons, argent et hommes de guerre.
Ayant grandi, Ouedraogo fit de nombreuses chevauchées en compagnie de ses guerriers et fut partout amicalement reçu. Après la mort de son père, il partit pour la région de Tenkodogo. Il eut de nombreux fils. L'un d'eux, Zoungrana, fut son successeur. Le nom du chasseur, père de Ouedraogo, est Rialé qui pourrait signifier « mange tout ce qu'il rencontre ». La princesse se nommait Yennenga. Ce mot signifie « quelque chose de pur, de joli ».
Les descendants de Naba Ouedraogo sont très nombreux. Parmi les principaux chefs coutumiers actuels de sa descendance, on cite ceux de :
Nanorho (région de Koudougou)
Sao (région de Ouagadougou)
Niou (région de Ouagadougou)
Dapélogo (région de Ouagadougou)
Tougouri (région de Kaya)
Biongo (région de Koudougou)
Zongo (région de Ouagadougou)
Bazoulé (région de Ouagadougou)
Kogo (cercle de Zorgho, région de Ouagadougou)
Zaktouli (région de Ouagadougou).
Les chefs du Yatenga descendent aussi de Naba Ouedraogo.
Les Baloum Naba sont aussi des descendants directs de Naba Ouedraogo. Ils sont issus de son premier fils, qui renonça à la chefferie pour se consacrer à la danse. La danse dont il s'agit comporte d'ailleurs des particularités, dont le port d'un masque spécifique, conservé dans la famille des Baloum. Elle n'est exécutée qu'à l'occasion de la fête du Mogho Naba. Certains villages, habités par des parents du Baloum, détiennent également ce masque. Parmi ces villages, on peut citer Ouamtenga, dans le canton de Koubri (cercle de Ouagadougou) et Napalgué, dans le canton de Niou (cercle de Ouagadougou). Ces masques symboliques ne sont jamais utilisés pour la célébration des funérailles et des fêtes communes. Ils n'admettent aucun voisinage et tout autre masque doit fuir s'il vient à les rencontrer au cours de l'une de leurs sorties.

2-Naba Zoungrana, (50 ans de règne.)
Fils de Naba Ouedraogo, il étendit le pouvoir de sa famille sur les régions comprises entre Gambaga et Tenkodogo. Il fut enterré à Komtoega, dans la région de Tenkodogo, chez les Boussancé.
La naissance et les débuts prestigieux d'Oubri, son fils, sont rapportés par la légende. Les Nyonyose de la région actuelle d'Oubritenga (cercle de Ziniare) étaient alors fréquemment pillés par leurs voisins de la région de Kaya. Ils demandèrent à Naba Zoungrana de leur remettre un enfant capable de les diriger et de les défendre lorsqu'il atteindrait l'âge adulte. Ils conduisirent aussi l'une de leurs filles, nommée Pougtoenga, auprès de Naba Zoungrana. Ceci fait, ils envoyèrent, par des moyens magiques, un vent violent sur la région de Tenkodogo. Cette tempête arracha le toit de la demeure de Zoungrana et l'en chassa. Il se réfugia alors dans une bergerie où il rencontra la jeune Pougtoenga. De cette rencontre, naquit un fils qui fut le premier garçon de Zoungrana et se nomma Oubri. Le mot Oubri signifie « bergerie » en moré. Lorsqu' Oubri eut atteint l'âge de sept ans, les Nyonyose revinrent pour choisir leur futur prince et le désignèrent parmi d'autres enfants. Comme une dizaine d'années devait encore s'écouler avant qu' Oubri ne fût en mesure de les commander, les Nyonyose, grands magiciens, le rendirent boiteux. Grâce à ce signe, ils le reconnurent lorsque le moment fut venu.
Les principaux descendants de Naba Zoungrana sont les chefs de Tenkodogo, de Komtoega, en pays Boussanga, ceux de Manga (cercle dudit), de Tampoui (cercle de Ouagadougou) et de Bougrétenga (cercle de Ouagadougou).

3-Naba Oubri. (62 ans de règne.)
Naba Oubri gouverna donc les Nyonyose de la région qui fut désormais appelée Oubritenga. Par les armes, il étendit son pouvoir vers les contrées de Ouagadougou, Yako et Koudougou. Il mourut dans cette dernière région et sa dépouille fut transportée à dos de cheval jusqu'à Oubritenga où elle reçut une sépulture. Oubri fut le premier chef dont les lances et l'équipement furent conservés dans le sanctuaire secret de Loumbila où se trouvent également déposées les statuettes de métal représentatives des Mogho Naba décédés.
Les cicatrices distinctives du peuple mossi datent de Naba Oubri. Elles se composent de deux séries symétriques de trois lignes gravées des tempes au menton. Elles étaient destinées à permettre une reconnaissance aisée des personnes placées sous la protection et l'autorité de Naba Oubri. Les habitants des villages, y compris les personnes âgées, désireux d'éviter la lutte avec ce puissant chef, se firent mettre les cicatrices. Lorsque les guerriers de Naba Oubri se présentaient devant ces villages, le port des cicatrices et l'offre de divers cadeaux, dont un bœuf blanc et un poulet blanc de la part des habitants, suffisaient à assurer la paix à ceux-ci.
Les princes reçurent en outre le droit de porter sur la partie droite du visage une cicatrice oblique descendant de la partie médiane du nez vers le menton. Les femmes nobles portèrent cette cicatrice sur la partie gauche du visage. Il existe des cicatrices ornementales : série de petits traits horizontaux formant des sortes de colonnes le long des pommettes (hommes, interdites aux nobles), cicatrices obliques sur le menton partant des lèvres (femmes), sorte de croix sur la pommette gauche (femmes nobles seulement).
Les cicatrices de reconnaissance, celles qui caractérisent les alliés et sujets d'Oubri et de sa descendance, sont les deux séries de trois lignes qui encadrent le visage. Aucun individu porteur de ces cicatrices ne pouvait être réduit en esclavage, vendu ou tué dans l'ancien Empire mossi, sans avoir été régulièrement jugé et condamné. Tout individu qui violait cette règle devait être mis à mort. Dans le cours des temps, en raison du grand nombre des Mossi, de rares ventes purent se produire, mais toujours en fraude. A l'origine, ce furent aussi bien les compagnons d'Oubri (Dagombas nobles et non nobles) que les autochtones soumis, ralliés ou conquis, qui se firent mettre les cicatrices de reconnaissance. Les étrangers vivant en pays mossi ne les portèrent jamais : tel fut le cas des Yarsé (qui ne portèrent pas de cicatrices) et celui des Marensé, venus de l'Est ou du Nord, et qui portent trois petites cicatrices convergentes vers le coin externe de chaque œil.
La coutume du « Tinse » remonte également à l'époque de Naba Oubri. Sa mère, Pougtoenga avait une réputation extraordinaire car, dit la légende, elle portait la barbe comme un homme. Elle fut une sage conseillère pour son fils sur lequel elle avait une grande influence. Elle soignait les enfants avec une affection toute particulière. Elle a laissé le souvenir d'une grande bienfaitrice dont l'action s'exerça tant de son vivant qu'après sa mort. Elle était considérée comme la mère de tous. Lorsqu'elle mourut, des funérailles grandioses lui furent faites. Cela se passait vers le début de la saison des pluies, sans doute au mois de mai. Une grande pluie tomba le jour des funérailles. Ces dernières retardèrent les semailles, mais la récolte de mil fut cependant abondante cette année-là. L'année suivante, aucune cérémonie n'eut lieu ; la pluie ne tomba pas et la récolte de mil fut mauvaise : les paysans purent vivre grâce aux réserves accumulées l'année précédente. Par la suite, la situation s'aggrava et l'idée de refaire les funérailles de la mère de Naba Oubri vint dans tous les esprits. Cela fut fait. La pluie tomba en abondance et l'on eut du beau mil. La tradition se conserva et il n'y eut plus jamais de famines.
Les enfants qui naissent le jour du « Tinse » sont appelés Tinga, Tinse, Tinfisi, Timpoko, etc. Lorsque l'on ne dispose pas de toutes les richesses nécessaires à la fête, on peut la reporter sept jours plus tard. Elle s'appelle alors « Tingan-Na », et les enfants qui naîtront ce jour-là s'appelleront Tingande, Tingambila, etc.
Dans l'ancien temps, le « Tinse » consistait principalement en sacrifices d'animaux (moutons, chèvres, poulets) sur la tombe de Pougtoenga. Les animaux du « Tinse » étaient choisis au hasard par les envoyés du Mogho Naba dans les troupeaux collectifs des villages groupés autour des marigots. Une partie des bêtes était réservée par le chef de canton pour les sacrifices à effectuer sur les tombes de ses propres ancêtres : le but de ces sacrifices était le même que celui du « Tinse » de Ouagadougou, protéger le peuple contre les intempéries et les maladies. Après le sacrifice, les animaux ne devaient jamais faire l'objet d'une cession onéreuse : leur viande était distribuée gracieusement ou consommée par l'entourage des chefs. La coutume du « Tinse » motiva des plaintes contre les chefs de canton à la fin de l'époque coloniale : elle fut abandonnée vers 1945.
Parmi les descendants de Naba Oubri figurent les chefs de Boulsa et ceux de Koupéla (vers Fada N'Gourma). Le premier chef de Boulsa fut le Kourita de Naba Oubri. De même, le premier chef de Koupéla fut le Kourita du premier Boulsa Naba. Cette circonstance explique que le pouvoir du Mogho Naba dans ces provinces ait toujours été assez réduit : les chefs de Boulsa et de Koupéla n'avaient pas l'obligation de lui envoyer des présents : le Mogho ne pouvait pas se comporter en maître sur leur territoire ni effectuer des prélèvements de richesses comme il en avait le droit ailleurs.
On sait que le Kourita (de kuré, cérémonie en l'honneur du défunt) représente sur terre la personne décédée, après sa mort. Le Kourita concentre en sa personne les forces dangereuses du mort. Le Kourita du Mogho Naba reçoit le nom de l'empereur défunt, hérite d'une importante partie de ses richesses et reçoit un commandement. Il ne devra jamais voir le nouveau Mogho. Le Kourita est désigné par le Kamsaogho Naba et les notables de la Cour intérieure qui prennent l'avis de la Pugh-Tiema (première épouse du Mogho Naba défunt). Il importe en effet de désigner une personne sérieuse. Toutes les autres questions relatives au Kourita sont du ressort du Ouidi Naba, premier ministre qui, en particulier, choisit le commandement qui sera attribué au Kourita.
Le cas du Kourita de Naba Oubri montre combien cette pratique pouvait devenir dangereuse pour l'unité du pays mossi. Elle pouvait en effet donner naissance à une multitude de chefferies à peu près indépendantes et provoquer un véritable démembrement. Aussi prit-on très tôt l'habitude de n'attribuer aux Kourita que de petits cantons. Plus tard, le canton fut remplacé par un simple village. Enfin, plus récemment, des femmes ont été désignées comme Kourita, ce qui a encore réduit les risques de turbulence et d'indiscipline. Représentant le Mogho défunt, le Kourita femme doit monter à cheval, s'habiller comme un homme, avoir ses palefreniers, ses serviteurs, ses servantes, etc.
Parmi les autres descendants de Naba Oubri, il faut citer le Dilogo Naba (cercle de Manga, vers Nobéré), descendant du premier fils de Naba Oubri, qui refusa le commandement. Les chefs d'Ipala (cercle de Ouagadougou) descendent également de Naba Oubri.

4-Naba Naskiemdé. (42 ans de règne.)
Naba Naskiemdé était le fils d'Oubri et de Pougsada. Il est mort à Toudou (cercle de Kombissiri) sans laisser de souvenir. La signification même de son nom s'est perdue.

5-Naba Nasbiré. (21 ans de règne.)
Naba Nasbiré était le fils d'Oubri et de Narimtoré. Il était donc frère de Naskiemdé. Il est mort à Sourkiengo (cercle de Koudougou) dont les chefs sont ses descendants. Sont également issus de lui les chefs de Sourgoubila (cercle de Boussé), de Kayao (cercle de Saponé) et de Kokin (cercle de Boussé). Le souvenir de ses actes et la signification de son nom n'ont pas été conservés par la tradition.

6-Naba Soarba. (16 ans de règne.)
Naba Soarba était le fils de Nasbiré et de Pougkiendiga. Il est mort à Lougsi (cercle de Ouagadougou) dont les chefs sont ses uniques descendants. Il paraît avoir été aussi peu entreprenant que ses prédécesseurs. Son nom évoque des taches blanches (le mot soarba désigne notamment un cheval à pattes blanches).

7-Naba Gningnemdo. (14 ans de règne.)
Le nom de ce Mogho Naba signifie « moi et mon sang » ou « moi et ma chair », ce qui rappelle qu'il est issu d'un inceste. Son père Soarba eut des rapports avec Yermongo, l'une de ses filles ; c'est du moins ce que laissa supposer le fait qu'il la garda dans son palais lorsqu'elle se trouva enceinte, tolérance contraire à la coutume. Naba Gningnemdo fut peu aimé. Il fut nommé Mogho Naba avec beaucoup de réticences.

8-Naba Koumdoumié. (21 ans de règne.)
Naba Koumdoumié était fils de Naba Gningnemdo et de Tab- Lada. On rapproche son nom du verbe kumi, pleurer, et de l'expression kumi ma yé pam кита qui signifierait « j'ai pleuré seul mais maintenant nous sommes nombreux » qui ferait allusion au fait que Koumdoumié aurait été longtemps le seul enfant de Gningnemdo.
Le règne de Koumdoumié fut marqué par une expansion nouvelle dans la région de Koudougou. Cette expansion s'effectua vers le Sud et le Sud-Ouest, aux dépens des Gourounsi. Koumdoumié s'installa notamment à Thiou. Il franchit la Volta Noire à hauteur de Boromo et aurait poussé son avance au-delà s'il n'était tombé malade après trois mois de séjour à Boromo. Il mourut dans ce village. Son cadavre repassa la Volta Noir2 sur un radeau de tiges et fut inhumé à Zawara (entre Boromo et Thiou) où il avait installé l'un de ses fils. Son fils aîné, qui commandait à Thiou, réclama cependant la dépouille mortelle de son père. On simula un cadavre. Ce fut cette fausse dépouille qui fut envoyée et enterrée à Thiou.
Naba Koumdoumié a été un grand organisateur. Il eut le premier l'habileté de placer l'un de ses parents — frère ou enfant — à la tête des pays occupés, limitant ainsi dans une large mesure les risques de révolte. Il s'assura en outre la fidélité de tous ses vassaux en leur faisant l'obligation de lui rendre visite chaque année avec leur suite afin de renouveler le serment d'obéissance. C'est de son règne que date la solide structure de l'empire mossi.
C'est à l'époque de Koumdoumié que les Yarsé acquirent droit de cité dans les pays mossis. Les premiers d'entre eux à venir y commercer furent les Koanda.
De nombreux chefs descendent de Naba Koumdoumié. On en trouve beaucoup dans la région de Kaya (Bousma, Téma, Mane, Yimingou) et dans celle de Koudougou (Yako, Conquistenga,Thiou, Sabou, Poa). Les chefs de Poa descendent du Kourita de Naba Koumdoumié. Certains chefs du pays boussanga sont issus de ce Mogho Naba, tels ceux de Lorgo et de Boussouma. Les chefs des deux Boussouma, Nord et Sud, ont donc la même origine. Se rattachent enfin à Naba Koumdoumié les chefs de Guirgo (cercle de Kombissiri), de Tanguin (cercle de Zorgo) et de Guiaro (cercle de Pô). Guiaro n'est d'ailleurs qu'une déformation gourounsi de Guirgo, de même que Sapoui (vers Léo) est une déformation gourounsi de Saponé.

9-Naba Kouda. (43 ans de règne.)
. Naba Kouda était fils de Naba Koumdoumié et de Pabré. Il fut le continuateur de l'œuvre de Koumdoumié en multipliant les chef- feries issues de sa parenté. Il porta surtout ses armes vers le Sud. Il résida principalement à Saponé (Sud-Ouest de Ouagadougou) avec ses ministres et c'est là que se trouve son tombeau.
Son père a laissé un souvenir heureux. Ce fut une époque d'abondance et de justice. Le nom même de Kouda reflète cette vertu. Il est issu de l'expression kud yel win manda bing bèogho qui signifie «celui qui fait le mal a toujours son châtiment réservé dans l'avenir ». La légende rapporte que les animaux eux-mêmes pleurèrent à la mort de Naba Kouda.
Ses principaux descendants sont les chefs de Saponé, de Riziam, de Lallé (cercle de Koudougou), de Zorgo (Zorgo même, mais aussi Nedogo et Zoungou). Descendent également de lui certains chefs de la région de Ziniaré (Koassinga, Ziga), de celle de Kombissiri (Konioudou) et du pays des Boussansé (Kanouaragou, Nyanaga et divers villages indépendants).

10-Naba Danwegma. (8 ans de règne.)
Naba Danwegma était fils de Naba Kouda et de Pilasongo. Il résidait à Saponé où il mourut. Ce fut un roi très belliqueux, très méchant et très cruel. Lorsque les griots énoncent la suite des Mogho Naba dans les cérémonies, ils prononcent seulement la première syllabe de son nom et observent ensuite un bref silence. Prononcer le nom de Danwegma porterait malheur.
La naissance de Danwegma (nom qui signifierait « celui qui demande un partage juste ») fut fantastique. Sa mère le porta dans son ventre pendant trois ans. Cela était dû au fait que, pendant la nuit, dès que tout le monde dormait, son ventre devenait soudain vide. Dès qu'au matin le coq chantait, le ventre reprenait son aspect normal. Ce phénomène fut finalement porté à la connaissance de Naba Kouda par sa première épouse et il donna l'ordre à ses femmes de demeurer éveillées autour d'un feu pendant la nuit suivante. Danwegma naquit à l'aube dans un grand bruit, comme s'il sortait du ventre de sa mère pour aller faire la guerre. Danwegma n'a pas laissé d'enfant.

11-Naba Zoetre Bousma. (32 ans de règne.)
Ce Mogho Naba était fils de Naba Kouda et de Tempoko. Sa tombe se trouve à Gourpila (cercle de Boussé). Ses descendants sont les chefs des groupements de Bougre (cercle de Zorgo) et de Sinsinné (cercle de Kombissiri).
Son fils aîné avait la peau cuivrée, rougeâtre, ce qui constituait un signe néfaste. Il fut donc écarté du trône mais se vit offrir le commandement de son choix. Il opta pour Doulougou. Ce prince se nommait Zabi, d'après la phrase nug tar kon zabé, « le possédant (celui qui a la main pleine) ne fait pas la guerre » qu'il prononça en recevant la chefîerie de Doulougou.

12-Naba Niandfo. (70 ans de règne.)
Ce Mogho Naba était fils de Zoétré-Bousma et de Nakoum. On peut rapprocher de son nom la phrase mam nydnd fo « je t'avais vu ». Son règne fut extrêmement long et se termina par sa disparition. Un jour, on ne retrouva de lui que ses vêtements, ses bijoux, ses objets personnels.
Il y a peu d'années encore sa tombe était visible au quartier Lar- hallé de Ouagadougou, au lieu dit Douanghin. Il s'agissait d'une sorte de puits fermé par une plaque et d'où sortait une chaîne terminée par un anneau. Cette chaîne était interminable et redescendait dans le puits dès qu'elle était lâchée. De nombreux enfants venaient s'amuser à la tirer. La voie ferrée est passée à cet endroit dont la situation exacte est maintenant oubliée.
Les descendants de Naba Niandfo sont les chefs de Salogo (cercle de Zorgo) et de Tampoui (cercle de Manga).

13-Naba Nakiem dit Nakienbzanga. (30 ans de règne.)
Il était fils de Niandfo et de Tarbangdo. On ne sait rien de lui. Il en est de même de ses successeurs.

14-Naba Namégué. (1 an de règne.)
Fils de Nakiem et de Salabré, enterré à Ziniaré.

15-Naba Kiba. (19 ans de règne.)
Fils de Namégué et de Timpogobi.

16-Naba Kimba. (21 ans de règne.)
Fils de Naba Kiba et de Somsongré.

17-Naba Goabga. (17 ans de règne.)
Fils de Naba Kimba et de Mindi, enterré à Zam (cercle de Zorgo).

18-Naba Guirga. (6 ans de règne.)
Fils de Naba Goabga et de Nansoasda, enterré à Ouagadougou.

19-Naba Zanna! (28 ans de règne.)
Ce Mogho Naba était fils de Naba Guirga et de Tontvelobo. Sa tombe est à Ouagadougou. Zanna est un nom donné aux jumeaux, la série étant Zanna, Zambila, Zandaogo, Zampoko, etc.
Le chef de Koubri (cercle de Kombissiri) est un des principaux descendants collatéraux de Naba Zanna. Le premier chef de Koubri était le frère jumeau de Naba Zanna. A ce titre, ses descendants jouissent d'une considération particulière à la Cour et auprès des autres chefs : ils sont plus libres dans leurs actes que bien d'autres princes. Ceci montre que les jumeaux n'étaient pas supprimés dans l'ancien Empire mossi comme on le prétend quelquefois.
Les chefs de Zangogo (canton de Toessé, cercle de Kombissiri) descendent également de Naba Zanna.

20-Naba Oubi. (26 ans de règne.)
Ce Mogho Naba était fils de Naba Zanna et de Goudemenga. Il fut enterré à Ouagadougou et n'a pas laissé de souvenir.

21-Naba Motiba. (7 ans de règne.)
Il s'agissait d'un usurpateur de race peulh. Il était devenu le conseiller indispensable de Naba Oubi. Très habile, il parvint à la mort du souverain, à se faire nommer Mogho Naba à la place du fils aîné de Oubi, le futur Naba Warga. Les griots le chantent avec le. qualificatif de « Père des Peulh ». Il mourut dans des conditions assez mystérieuses, peut-être empoisonné.
Les cantons peulh actuels de Barkoun-Douba (cercle de Ziniaré) et de Kourgou lui doivent beaucoup.

22-Naba Warga. (15 ans de règne.)
Naba Warga était fils aîné de Naba Oubi. Sa mère se nommait Tenkienga.
Naba Warga réorganisa toute la chefferie. C'est lui qui obligea tous les chefs (Mogho compris) à prendre trois devises et un nouveau nom (Zab-Youya, pluriel de Zab-Youre), tiré de l'une des devises, en accédant au pouvoir. La première devise doit être normalement un remerciement adressé à ceux qui ont permis l'accession à la chefferie. La seconde doit indiquer le programme d'action du nouveau chef et constitue souvent, dans la pratique, un discret avertissement pour ses adversaires. La troisième devise doit illustrer le caractère ou l'un des traits de caractère du nouvel élu. Le futur chef sait que sa désignation est imminente lorsque des envoyés du collège électoral viennent, pendant la nuit, prendre un mouton à son domicile (ce mouton s'appelle « Tomboko » du mot qui désigne le trou dans lequel se trouve déposée la cendre dont on recouvre la tête du nouvel élu) : il a donc le temps de composer ses devises.
Les devises de Naba Warga furent :
pig toul warga wardib na sam waghsé, qui signifie littéralement : « le roc n'admet pas le sarclage. Les sarcleurs y abîmeront leurs outils. » Avertissement à ses ennemis.
кит samedé tont dibo di, dolef mëga, qui signifie littéralement : « il ne convient pas que tu prêtes à crédit à la mort. C'est ta propre vie qu'elle remettra en paiement ». Autre avertissement à tous ceux qui songeaient à attenter contre sa vie.
wâm pu-to nèda kyin laghem peba la midu fàsda. Cette dernière devise signifie au propre : « quand le mauvais singe entre dans le buisson du wedgha (landolphia senegalensis) il y cueille pêle-mêle les fruits verts et les fruits mûrs. » Sa signification morale est. qu'il ne sert à rien de satisfaire les méchants : ils abusent toujours des faveurs qui leur sont accordées.
Un grand nombre d'institutions sont liées au nom de Naba Warga. C'est de lui que date la coutume quotidienne du faux départ du Mogho Naba pour La. Cette coutume se réduit d'ailleurs de nos jours à la simple présence d'un cheval équipé dans la cour où s'effectuent les sorties matinales de l'Empereur. En voici l'origine.
Naba Warga avait dû se rendre dans la région de Yako, qui dépendait directement de son autorité, pour protéger ses sujets contre des pillards mossis venus du Yatenga. Pendant son absence, son palais, sis dans l'Oubritenga, fut lui-même attaqué par des adversaires. Certaines épouses du Mogho Naba prirent peur et rentrèrent dans leur famille respective. C'est ainsi que la « Pugh-Tiema », épouse favorite de Naba Warga, se réfugia à La, dans la région de Yako. De retour dans sa capitale, le Mogho se montra affecté par ce départ et fit seller son cheval pour rejoindre la fugitive. Les co-épouses, qui se trouvaient à ce moment-là auprès de lui, préparèrent leur panier pour accompagner l'Empereur au cours de ce voyage : ce détail est commémoré encore chaque matin de nos jours. Comme Naba Warga s'apprêtait à monter à cheval, les ministres s'approchèrent de lui et le supplièrent de ne pas s'éloigner, lui représentant les maux qu'une nouvelle absence ne manquerait pas de ressusciter. Naba Warga se rendit à leur raison et un messager fut envoyé à La, mais la scène se renouvela les jours suivants et entra dans les mœurs de la cour. Cette coutume eut une certaine importance politique car elle offrit à tous les chefs l'occasion de se réunir chaque matin au palais pour traiter des affaires du pays. Auparavant, ces rencontres n'avaient lieu qu'en temps de guerre.
Les guerres de Naba Warga dans la région de Yako sont également à l'origine de l'institution des soghondâmba (singulier : soghone). Naba Warga estimait que les rapports sexuels portaient malheur aux guerriers en campagne. Il décida donc, pour sa part, d'exclure les femmes de son entourage pendant le temps de guerre. Il les remplaça par des jeunes garçons chargés de remplacer les femmes dans toutes les tâches domestiques, en particulier la cuisine. Par la suite, les ministres et les chefs l'imitèrent. Les soghondâmba furent pris parmi les enfants des suivants des chefs (nayindindamba, singulier : nayindin) et non parmi les enfants des chefs : ceux-ci auraient pu, en effet, avoir intérêt à trahir le chef qu'ils servaient et leurs fonctions domestiques, celles de cuisinier en particulier, les rendaient redoutables. Les fils de prince étaient pris comme palefreniers. Le temps de service d'un soghonë était de neuf ans ou de douze ans. On le libérait vers l'âge de dix-neuf ans et il recevait une épouse qui pouvait être une fille du chef s'il avait donné toute satisfaction dans son service.
Le soghonë devenait alors un bilbaga (pluriel : bilbalsé). Les bil- basé en vinrent à former des quartiers autour des résidences prin- cières. Ces quartiers formaient une sorte de ceinture protectrice, notamment pour le Mogho Naba. Les princes, toujours un peu dangereux, devaient résider à une certaine distance de la demeure des chefs.
L'institution de la pugh-siure fut une conséquence de celle des soghondâmba. Naba Warga estima que, s'appauvrissant d'une jeune fille, il avait le droit de retenir le premier fils et la première fille issus du mariage de son protégé. Il s'attribua le droit de réserver le premier garçon issu du mariage et de disposer de la main de la première fille. Ce droit était réservé au Mogho Naba, aux chefs de province (ministres) et aux chefs de canton. Par la suite, il se répandit abusivement dans d'autres couches de la population.
L'organisation des captifs affranchis (dapoya ou dapordamba) est due aussi à Naba Warga. Tous les captif s et captives affranchis furent placés sous l'autorité d'un nouveau ministre, le Kamsàogho Naba, qui fut, jusqu'à une époque récente, un eunuque.
Les captifs étaient en leur grande majorité des Gourounsi, des étrangers du Sud et de l'Ouest faits prisonniers à la guerre ou dans des razzias occasionnelles, mais ils comprenaient aussi des criminels de race mossie qui avaient fui de leur village pour se livrer au Mogho Naba. Au bout d'un certain temps de service (neuf ou douze ans, comme les soghondâmba), les captifs considérés comme fidèles pouvaient s'installer aux environs du palais du Mogho Naba (da pore, « Derrière la maison »). Ils formèrent des quartiers spéciaux placés sous la juridiction exclusive du Mogho Naba, par l'intermédiaire du Kamsàogho. Certains d'entre eux demeurèrent groupés autour de ce chef, à proximité immédiate du palais impérial, et formèrent le quartier Kamsaoghin. Les affranchis considérés comme particulièrement dévoués et formant l'élite constituèrent la garde impériale commandée par le Kambo Naba ; les membres de cette garde formèrent plus spécialement le quartier Kamboinsé. Le Kambo Naba et ses hommes dépendaient, comme tous les captifs affranchis, du Kamsàogho.
Le fait de vivre dans un quartier de captifs affranchis conférait cette qualité. Un bilbalga qui venait vivre à Daporé devenait ipso facto un dapoya. Les dapoya étaient considérés comme étant naturalisés mossis, ce qui était important dans un pays où les étrangers, à l'exception des haoussas et des commerçants yarsé, n'avaient aucun droit.
Les captifs affranchis constituaient une force importante dans l'empire mossi. Leurs anciens maîtres s'appuyaient principalement sur eux pour asseoir leur pouvoir : ils constituaient les troupes de confiance et l'importance d'un chef se mesurait à leur nombre. Dans la capitale, les dapoya (du Kambo Naba, de Kamsaoghin et de Daporé) constituaient l'armée personnelle du Mogho Naba, échappant au commandement du Widi Naba et des ministres de la guerre. De plus, les dapoya, par suite de leur situation particulière, c'est-à-dire de la confiance qu'ils inspiraient et du caractère servile de leur origine, eurent des monopoles de fait en matière commerciale et artisanale. Tous les bouchers de Ouagadougou étaient, par exemple, des dapoya, avant l'arrivée récente des bouchers étrangers. Beaucoup de dapoya s'enrichirent par le négoce.
Hors de la capitale, les captifs affranchis (Gourounsi pour la plupart) formèrent un grand nombre de villages placés sous l'autorité du Kàmsaogho Naba. Ceux du canton de Mandié-Bagré (cercle de Manga) étaient particulièrement importants (Mandié, Sitenga, Bou- noumtoré, Bentenga ou Sinikiéré, Bougoumbarga, etc.) ainsi que ceux de Zorgo (Gandaogo, Zongpigi, Zinado, etc.).
Les grands fautifs qui venaient se réfugier à Kamsaoghin et qui étaient épargnés par le Mogho Naba devenaient ses captifs et échappaient à toutes poursuites.
Les affranchis jouèrent un rôle important dans l'administration du palais et le gynécée où ils étaient en particulier chargés de faire régner la discipline et la justice. Ce sont toutefois les eunuques, institution due également à Naba Warga, qui exercèrent dans ce domaine les principales fonctions. La création des eunuques s'explique par le système des peines qui était en vigueur à l'époque : il n'existait que trois sortes de peines, à savoir la mort, les amendes et les corrections corporelles (dont la mise aux fers). La castration intervint comme une sorte de moyen terme à l'égard des délinquants qui paraissaient dignes de quelque indulgence mais qui, selon la coutume, auraient dû être mis à mort. L'opération de la castration se faisait au village de Timtenga (littéralement « pays des gris-gris »), dans le canton de Koubri. Le chef des eunuques créé par Naba Warga fut le Zugsoba. Il avait sa place dans les cours intérieure et extérieure. Il dépendait du Kamsaogho, lui-même eunuque.
Le règne de Naba Warga fut aussi une période de fixation des coutumes judiciaires. On fait remonter à cette époque nombre d'adages juridiques. En voici quelques-uns :
Zemba san win дпди, nabin so. (Lorsque le litige entre particuliers est tel qu'il risque de provoquer l'échange de coups de massue, l'objet en revient au chef.) L'objet du litige pouvait être, par exemple, une femme, une terre, un marigot, des arbres.
Nyoré san kay, nyoré darde. (Toute vie ôtée doit être payée de sa propre vie.)
Zuk noaga, donda bugha. (Qui vole un poulet doit restituer une chèvre.)
Les conteurs ont conservé de Naba Warga le souvenir d'un prince ami des intellectuels. Il aimait entendre dire les fables et les proverbes qui se généralisèrent à son époque.
Naba Warga fit la guerre dans les régions de Yako, Riziam et Mané (cercle de Kaya), c'est-à-dire au Nord de ses états.
Les principaux descendants de Naba Warga sont les chefs de Kombissiri, de Kaboudo (cercle de Zorgo), de Ramongo (cercle de Koudougou) et de Guipo (cercle de Tema).

23-Naba Zombré. (63 ans de règne.)
Naba Zombré était fils de Naba Warga et de Sombangré. Ses devises furent :
wobgha yende tunt sore, pa sura kata tib, gomďambsé yé.
Cette devise signifie littéralement : « l'éléphant de race suit son chemin ; il ne fait pas cas des hyènes, ni à plus forte raison des panthères. » Cette sentence signifiait que Naba Zombré ne craignait aucun prince ni aucun Moaga. L'hyène est considérée comme plus dangereuse que la panthère en pays mossi car elle attaque les troupeaux pour se nourrir.
zologho zom deogho, ta zim kad môndo.
« Le sot monte le phacochère et son sang colle aux herbes sèches de la savane. » Allusion au sort réservé à ses adversaires éventuels. On sait que le phacochère aime vivre dans les hautes herbes desséchées par le soleil.
but-кот wend kôndo, ta tisem deghe ziga.
« La bouillie aqueuse du karité pilé ressemble à l'écume du dolo en cuisson mais elle s'en distingue par l'amertume. » Tous les Mossis se ressemblent mais on distingue le chef à l'épreuve.
pilimpi tar baghna ti bito zine yire.
« Quand le pilimpi (très petit insecte) s'attaque au bâghende (sorte d'arbrisseau dioïque), l'oseille de Guinée (bito) est dans l'angoisse. » L'oseille de Guinée est la nourriture d'élection du pilimpi : par conséquent, si elle le voit, poussé par la faim, s'attaquer à une plante aussi peu appétissante que le bàghendi, aux feuilles dures, elle sait qu'il ne l'épargnera pas s'il la découvre. Cette sentence signifiait que les adversaires de Naba Zombré n'avaient rien à attendre de lui s'ils le voyaient combattre, pour une raison quelconque, ses sympathisants.
Naba Zombré n'a pas laissé de descendants remarquables. On estime généralement que c'est à partir du règne de Naba Zombré que Ouagadougou devint la capitale permanente des empereurs mossis. L'affectation du canton de Djiba à l'héritier présomptif du trône devenue coutumière est liée à un important événement du règne de Naba Zombré. Lorsque ce Mogho Naba eut régné pendant trente ans, les ministres furent las de son autorité. Ils le déposèrent et nommèrent son fils aîné à sa place. Naba Zombré se retira dans un village, appelé aujourd'hui Bik-Togo, situé à une vingtaine de kilomètres au Nord de Ouagadougou. Après trois années passées dans cet exil, Naba Zombré obtint de son fils, en accord avec les ministres, d'être rétabli dans son autorité. Une chefîerie importante devait être confiée au prince qui avait régné trois années : il fut décidé qu'il recevrait Djiba, région surtout peuplée de Nyonyose qui étaient fréquemment pillés par les guerriers de Manga et demandaient à être protégés.
Le rétablissement de Naba Zombré posa d'autre part pour ce monarque un problème religieux. Il n'était pas possible de l'investir une seconde fois. Un sacrifice nouveau, le Bika, fut créé pour effacer le règne de trois ans du nouveau Djiba Naba. Il s'agit d'un sacrifice de purification offert aux ancêtres. Le Bika doit être fait lorsque le Mogho Naba atteint la trentième année de son règne. Cette cérémonie a lieu à Bik-Togo. Naba Zombré régna encore trente ans après avoir fait le Bika. En comprenant dans la durée de son règne les trois années de retraite forcée à Bik-Togo, cela fait un total de soixante- trois années.
C'est au cours de ce long règne qu'apparurent les marchés (singulier.: dâgha, pluriel : dasé), dans la région d'Oubritenga, où se trouvait alors la Cour. La légende attribue cette heureuse institution à Sombangré, mère de Naba Zombré, qui fabriquait et vendait d'excellentes galettes de mil (misdiï). Malheureusement, les hommes adultes ne pouvaient entrer chez le Mogho Naba pour acquérir cette friandise : ils devaient envoyer au palais des enfants ou des femmes. D'autres femmes du pays furent séduites par le profit que l'on pouvait tirer de la vente des galettes et demandèrent à Sombangré la permission de l'imiter. Elles obtinrent cette permission et reçurent même l'autorisation de se grouper en un lieu situé non loin du palais, à l'extérieur. Ce marché se composait à l'origine d'une dizaine de marchandes de misdu. Il prit un grand développement quand la mère de Naba Zombré se mit à fabriquer de la bière de mil. L'affluence fut extraordinaire. On n'avait jamais vu cela (zi nyaťe). Cette expression donna son nom au chef-lieu de cercle actuel. Parla suite, les chefs de canton imitèrent le Mogho Naba et autorisèrent l'ouverture de marchés dans le pays soumis à leur commandement.
De sévères coutumes s'instituèrent quant à la police des marchés. De très lourdes amendes (10 000 cauris au chef de canton, 5 000 cau- ris au chef de province, 10 000 cauris au Mogho Naba) frappèrent les auteurs de rixes sur les marchés. Lorsqu'une personne était blessée volontairement sur un marché, l'auteur des coups devait être mis aux fers jusqu'à la guérison. Lorsque celle-ci survenait, on examinait si le coupable avait des griefs fondés contre la victime : si tel était le cas, il payait simplement l'amende dont il vient d'être question. S'il avait attaqué la victime à tort, l'amende était portée au double. Si la victime décédait, l'agresseur devait être mis à mort.
La surveillance du marché fut confiée à un fonctionnaire spécial, le dan naba. Il prélevait une petite quantité de chaque sorte de marchandise pour l'entretien de la cour du chef et sa rémunération personnelle. Il était surtout chargé d'assurer la police du marché. Il sommait le coupable, au nom des âmes de tous les ancêtres disparus, de restituer l'objet volé. Les déclarations de perte étaient faites également par le dan naba sous l'arbre du marché. Une autre fonction du dan naba était l'annonce de la tenue des foires exceptionnelles. Le dépistage des « sorcières mangeuses d'âmes » faisait partie de la police du marché, mais cette pratique a nui au bon renom des chefs de marché qui en firent un usage jugé parfois malhonnête.
C'est la vente de la bière de mil qui donna aux marchés leur importance et aussi leur périodicité de trois jours. On sait en effet qu'un délai de quarante-huit heures est nécessaire pour la préparation de cette boisson. Les marchés étaient les seuls lieux où il était possible de consommer de la bière à tout moment, exception faite de la demeure des chefs. En dehors des marchés, les gens du peuple ne consommaient la bière de mil que dans des circonstances exceptionnelles : grandes fêtes, funérailles et travaux collectifs agricoles, et seulement avec l'autorisation du chef dans ce dernier cas.

24-Naba Kom I. (18 ans de règne.)
Naba Kom était fils de Naba Zombré et de Habo. Ses devises furent :
karem-bisi lagam koabgha kon bâg wende.
« Les élèves en matière de religion peuvent se réunir au nombre de cent : ils n'auront pas la connaissance de Dieu. » Cette devise signifiait que nul ne connaîtrait le fond de la pensée du Mogho Naba dans son empire.
silmi weginga zab ne djiguemde ti nig na ki koabgha ti silmisi na ki tusri zaghe.
« Si le peul se rebelle et fait la guerre au lion, et si dans cette guerre cent bœufs sont tués, mille peuls seront tués en plus. »
Dans une guerre contre le Mogho Naba ses adversaires perdront non seulement leurs biens mais aussi un grand nombre de leurs parents et amis.
Le nom de kom est tiré de la devise suivante : ned san yété ti kom pas9 gomdé, bif giï sigri sagha kieng yilga segha, ťef na . banghé, ti kom gomda. Elle signifie : « Si quelqu'un te dit que l'eau ne parle pas, attends la première grande tornade et va auprès du yilga ; tu sauras alors que l'eau parle. » Le yilga (mitrugyne africana) est un osier qui pousse au bord des marigots vers lesquels l'eau se précipite, tumultueuse, au moment des tornades qui ouvrent l'hivernage. On reprochait à Naba Kom I de parler faiblement; cette devise indiquait que ses paroles auraient toute l'autorité voulue lorsqu'il aurait à trancher quelque question ou quelque litige grave.
C'est Naba Kom I qui a imposé la circoncision à tous les notables mossis de l'empire. Sa mère, Habo, était une femme yarga du village de Doudoulma (canton de Bazoulé, à 20 km de Ouagadougou). A cette époque, seuls les yarsé d'origine mandingue se faisaient circoncire. Le futur Naba Kom, encore enfant, se présenta avec des camarades yarsé lors d'une cérémonie de circoncision. L'opérateur le renvoya. Sa mère, avisée, prit la responsabilité de faire pratiquer la circoncision de l'enfant mais cela fut fait à l'insu de Naba Zombré. Le jeune prince porta désormais la culotte et conserva le secret. Parvenu au trône, Naba Kom I exigea que tous les princes et leurs suivants adoptent cette coutume. Par la suite l'institution se gêné-ralisa. Toutefois, les autochtones (ninissi) et les forgerons (saba) furent dispensés de cette obligation. L'excision fut instituée en même temps pour les filles. Ces opérations avaient lieu dans des villages spécialisés.
L'année et la date fixées pour l'opération étaient choisies par un devin ou un marabout. Elles demeuraient secrètes. L'opération elle- même s'accompagnait d'un changement de nom du nouveau circoncis et était suivie d'une sorte d'école marquée par les étapes suivantes :
1° Une semaine dite « de la souffrance » pendant laquelle de nombreux interdits alimentaires ou autres devaient être respectés (période dite ko-toghd).
2° Une bonne semaine dite ko-nogho, au cours de laquelle la plaie se cicatrisait après un bain et un pansement marquant la fin de la première semaine.
3° Une période d'école durant environ trois mois. L'initiation prenait fin par une grande fête au cours de laquelle les nouveaux circoncis exhibaient leurs nouveaux vêtements.
Les circonciseurs (guni) doivent être des hommes particulièrement purs. Ce ne sont jamais des forgerons.
L'école de la circoncision se caractérisait par une totale égalité. On dit bongo la bongo, dom ka yé, nam ka yé, dakiré ka yé, c'est-à- dire « la circoncision est la circoncision ; il n'y a ni parenté ni pouvoir ni alliance qui compte ». La dakiré est une forme de parenté à plaisanterie.

25-Naba Sagha I. (21 ans de règne.)
Naba Sagha I était fils de Naba Kom I et de Tiga.
Ses deux principales devises furent :
sag' nid lagam koabgha ko рек wobgho.
« Cent tornades réunies ne lavent pas l'éléphant. »
Le Mogho Naba annonçait par là un tempérament constant, peu susceptible d'être modifié par des influences extérieures.
kudghé zug môghé ko bugs nyag yé. « Le vieillard à la tête rougissante n'intimidera par le jouvenceau. »
Cette devise concernait la menace que ses oncles faisaient peser sur lui.
Le début du règne de Naba Sagha I fut en effet marqué par une guerre sévère entre quelques-uns de ses oncles et lui-même. Ces oncles étaient le chef de Thiou, fils de Naba Zombré, connu sous le nom de Thiou Naba Linga, et le chef de Nagréongo (cercle actuel de Ziniaré), fils de Naba Warga, connu par sa devise sag bonsa kon yagh kidré « le mendiant que l'on admet à partager le plat familial ne doit pas en retirer les boulettes de viande ».
A la mort de Naba Kom I, Naba Linga se rendit avec son armée à Saponé où avaient lieu jusqu'à cette époque les nominations des Mogho Naba. Les ministres lui firent croire qu'ils allaient se rendre à Saponé pour procéder à la désignation du successeur de Naba Kom. Ils lui demandèrent notamment de faire construire de nombreuses huttes en paille pour les abriter provisoirement eux et leur suite. Lorsque ces paillotes furent prêtes, les ministres déléguèrent quelques-uns de leurs suivants sur les lieux. Le Gunga Naba partit alors de Ouagadougou avec une armée fidèle au fils de Naba Kom et attaqua Naba Linga, à Saponé, en pleine nuit, par surprise, à la lueur de l'incendie qui ravageait les paillotes récemment construites. Cet incendie avait été allumé par les représentants des ministres. Naba Linga fut tué et ses troupes massacrées, mais le Gunga Naba périt aussi dans la bataille. Ses descendants reçurent, à titre héréditaire, le coussin dont Naba Linga était titulaire en sa qualité de prince royal. Ce coussin est encore un privilège du Gunga Naba actuel.
Au cours de cette guerre, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Ouagadougou, dans la direction de Saponé, fut pillé par les troupes de Naba Linga et reçut le nom de Kyen fâghé « rentrer- prendre par force ». Un autre village situé entre Ouagadougou et Saponé reçut le nom de Bassimbiam (de basé, laisser et de yam, esprit, tranquillité) car des troupes envoyées pour appuyer celle du Gunga Naba apprirent en ce lieu la réussite de l'opération conduite par le ministre. Naba Sagha nomma, dans ces deux villages, des chefs pris dans la garde impériale (kamboinsé). Cette coutume s'est conservée jusqu'à nos jours. Après la défaite de Naba Linga, le Saponé Naba, qui était un descendant de Naba Kouda et avait accueilli sans résistance Naba Linga, fut mis à mort. Sa lignée fut remplacée à la chefîerie de Saponé par celle du ministre de la guerre de l'Ouest, résidant à Kokologho. Cette nouvelle lignée fut elle-même considérée comme descendant de Naba Kouda.
Les agissements de Naba Linga eurent enfin pour conséquence le déplacement du lieu de l'intronisation. Les Mogho Naba furent désormais nommés aux portes de Ouagadougou, à Samanbili ; l'un des membres de la famille des chefs de Saponé se déplaça à cette occasion.
Le second prince rebelle, Naba Kon-yagh-kidré, fut vaincu et tué à Koukin, près d'un caïlcédrat célèbre. La phrase Naba Kon yagh kidré, zabré bé koukin beogho (Naba Kon-yagh-kidré, la guerre est demain à Koukin) est à ne pas prononcer dans le canton de Nagréongo, dont dépend Koukin.
Les principaux descendants de Naba Sagha I sont les chefs de Toessé (cercle de Kombissiri), de Nobéré (cercle de Manga), de Douaba (cercle de Zorgo).
Le tombeau de Naba Sagha I se trouve à Dimkièta, à 8 km de Ouagadougou.

26-Naba Doulougou. (19 ans de règne.)
Naba Doulougou était fils de Naba Sagha I et de Poko. Ses devises furent :
pôdré gibend dulugu bô-kâ gibenda nyôré.
« Le crapaud présomptueux qui va au devant du calao risque fort de perdre la vue. »
On sait que le crapaud est un mets apprécié du calao. Son sort évoque ici celui des adversaires possibles de Naba Doulougou.
bô-né ko nyok wendé yé ned baôn pâmé, wend yam.
« Dieu n'a cure des entreprises des hommes. Si quelqu'un réussit à amasser du bien, Dieu le veut. Si quelqu'un n'y parvient pas, Dieu le veut. »
Naba Doulougou voulait dire par là que l'on pouvait s'enrichir dans son empire sans craindre son intervention.
togo sida ko pam karf yé la sid yéta pa pam bum mé la na pam nyôré.
« Celui qui dit la vérité n'aura pas un karfo mais, s'il ne reçoit aucune chose (en ce monde), il aura la vie (éterne



16/02/2016
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