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MAIRIE DE OUAHIGOUYA : Les 5 millions d’un opérateur économique divisent

MAIRIE DE OUAHIGOUYA : Les 5 millions d’un opérateur économique divisent

vendredi 14 octobre 2011


Les 110 conseillers que compte la commune de Ouahigouya ont siégé le 11 octobre dernier, lors d’une session ordinaire. Présidée par le maire Abdoulaye Sougouri, la session a duré plusieurs heures. Au chapitre des dossiers inscrits à l’ordre du jour, il y avait l’affaire des 5 millions qu’un opérateur économique, natif du Yatenga, avait remis au conseil municipal en guise de soutien, suite aux violences de mars dernier qui avaient sérieusement endommagé la mairie. Les premiers responsables avaient reçu l’argent sans prendre soin d’en informer l’ensemble des conseillers. Depuis lors, les supputations allaient bon train quant à l’utilisation de la cagnotte officieusement et gracieusement donnée par l’homme d’affaires.Publicité

 

Passation des marchés supplémentaires gestion 2011, assainissement à Ouahigouya, circulation routière, attribution des parcelles, autogare…. voilà autant de sujets qui ont été abordés le 11 octobre dernier, lors de la session ordinaire convoquée par le conseil municipal composé de 110 conseillers. Il était un peu plus de 12h 30mn quand le 1er adjoint au maire , Hamidou Ouédraogo dit Pélé, a décidé d’évoquer cette affaire dite des 5 millions. Le donateur, un grand opérateur économique, avait remis un chèque de 5 millions de F CFA à la mairie pour faire face aux événements malheureux de mars 2011 qui avaient rendu l’hôtel de ville méconnaissable.

Le bienfaiteur dont on connaît la sobriété et la discrétion, avait recommandé aux bénéficiaires de ne jamais faire cas publiquement de son don, mais avait souhaité s’assurer que les sous sont allés là où ils devraient l’être. De Ouaga, le chèque a été expédié à Ouahigouya en bonne et due forme. Hamidou Ouédraogo réceptionne la cagnotte et fait le point au maire. Le hic, c’est que seul quelques membres du bureau du conseil avaient été informés. C’est le silence total jusqu’au jour où un membre du bureau alla voir l’opérateur économique en question pour solliciter de l’aide au nom de la mairie. Surpris, le donateur n’a pas hésité à avouer le montant de la somme qu’il a remise à la municipalité de Ouahigouya. Le conseiller municipal resta pantois.

De retour à Ouahigouya, le voyageur d’une journée saisit qui de droit et il fut effectivement informé de la nouvelle. Dès lors, une folle rumeur envahit la cité de Naaba Kango, faisant état du détournement du don. Dans sa mise au point, l’adjoint au maire reconnaît tous les faits sauf le détournement du don. La main sur le cœur, il dit avoir judicieusement utilisé l’argent en citant en vrac quelques dépenses effectuées. Dans ses déclarations, Hamidou Ouédraogo s’est fait le champion de la transparence, allant jusqu’à affirmer que le reliquat dépasse les 2 millions de F CFA. En dépit de ses professions de foi, le 1er adjoint au maire va être la cible de violentes attaques lorsqu’il s’est agi de donner la parole à l’assemblée pour réagir suite à ses propos.

Au fait, l’assistance a caché difficilement son indignation face à la discrétion totale qui a entouré cette œuvre de bienfaisance. De la dizaine des conseillers inscrits à se prononcer, Souleymane Sawadogo fut le 1er sur la liste pour "allumer le feu". "La générosité de ce monsieur avait le mérite de susciter la convocation d’une session pour informer l’opinion. Dans une vraie démocratie, on n’agit pas avant de consulter. C’est une maladresse de votre part et vous avez tort sur tous les plans". A ces propos, un tonnerre d’applaudissements d’environ une minute épousa le point de vue de l’intervenant.

Les deux intervenants qui ont suivi n’ont pas tari de violentes diatribes contre le bureau. Même teneur, même tonalité pour le 4e interlocuteur qui a lâché ce proverbe fort évocateur : "Lorsqu’un enfant conduit un aveugle, les dons reçus ne sont pas la propriété de l’enfant, mais plutôt de l’aveugle." Les propos les plus virulents viendront de Sayouba Ouédraogo : « Les gens accusent le bureau du conseil, mais moi, je vais attaquer directement le 1er adjoint au maire. C’est de vous qu’est partie toute cette cacophonie. Nous n’avons rien à voir avec le maire, c’est vous le vrai coupable et il faut qu’on vous le dise ouvertement. L’on ne peut pas travailler seul quand on veut réussir ».

A sa décharge, Ila Ouédraogo, grand orateur devant l’éternel, tempère le débat. Le bouillant Ila, avec son humeur habituelle, demande de ne pas faire trop de procès. Refusant de prendre parti pour ou contre x ou y, il prône plutôt l’entente au sein du conseil municipal. Faire beaucoup de bruits autour de la question pourrait amener certains donateurs à désister. Cependant, relativise l’homme aux barbichettes : "Nous ne cautionnons pas le fait d’avoir fait trop de discrétions sur ce don, mais nous disons que c’est une bonne chose déjà que les opinions aient été exprimées". Dans la foulée, un vieux non inscrit sur la liste des intervenants réclame à tout bout de champ la parole et on hésite un instant avant de la lui donner.

Colère amusée d’un sexagénaire : "Je voudrais, dans cette salle, m’en prendre à tous les conseillers ici présents. C’est vous qui êtes responsables de ce qui est arrivé. Vous avez passé votre temps à applaudir ce bureau, même quand ce qu’il fait n’est pas bien. C’est vous qui l’avez induit en erreur et vous voulez aujourd’hui vous transformer en grands moralisateurs. Messieurs et mesdames les membres du bureau, même demain, dès que vous aurez l’occasion, il faut bouffer tout ce qui vous tombera sous la main.’’

Le mea culpa du premier adjoint au maire

Au regard de la tournure passive que prenaient les débats, certains orateurs sont intervenus allant dans le sens de l’apaisement et de la cohésion. Mais c’était sans compter avec l’impatience de nombre de conseillers qui n’attendaient que des occasions de ce genre pour cracher leur vérité. La violence des attaques contre le bureau est à la limite surprenante. Parfois, le contenu des sentiments exprimés brille par sa vacuité. On use par moments de paraboles en cascades, signe qu’on a peu de choses à dire. La parole fut ensuite retournée au principal orateur qui commence par reconnaître la pertinence de tous les propos tenus. Dans le même temps, il dit comprendre la colère des uns et des autres. "Je demande pardon à tout le monde, pas par faiblesse mais par souci de responsabilité. Je vous présente mes excuses sans rancune, ni rancœur", a-t-il déclaré en substance. Toujours convalescent, le maire Abdoulaye Sougouri s’est voulu très peu bavard tout au long de la session. Il a, avant de lever la séance, dit que chacun est responsable de tous les propos tenus. En ce mandat finissant, il dit compter sur toute l’équipe pour le rayonnement de la commune.

Hamed NABALMA

Le Pays



15/10/2011
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