Cependant, on peut se dire que ce n’est qu’une question de temps. Les uns après les autres, les différentes localités sont en train de tomber. Il y a eu d’abord la prise symbolique du village natal de Kadhafi, de l’aéroport de Ben walid. Dans la ville de Syrte, l’hôpital, la cité des « 700 immeubles » et l’université sont, tour à tour, tombés dans les mains des insurgés.
Dimanche dernier, c’était au tour du centre de conférences Ouagadougou. Rassurez-vous, il ne s’agit pas de la capitale burkinabè, où, on l’espère, les mutineries sont derrière nous, mais bien du centre de conférences ultramoderne (constitué d’une vaste enceinte avec de nombreux bâtiments autour d’un immense édifice central aux allures de blockhaus) abritant des rencontres panafricaines au sud de la ville de Syrte et qui porte le nom de « Ouagadougou ».
Il date de l’époque où Blaise Compaoré et Mouammar Kadhafi filaient le parfait amour. On se rappelle, en effet, ce temps où le Président du Faso a pris son avion pour aller violer l’embargo, « injuste » à leurs yeux, que subissait le Guide.
Mais qu’elle est loin, cette époque ! Bien avant la chute de Kadhafi, les relations entre les deux hommes n’étaient plus ce qu’elles étaient. Jusqu’à ce que le Burkina Faso ne se gêne pas de voler au secours de la victoire en reconnaissant le CNT. Le centre de conférences Ouagadougou de Syrte est une preuve que les deux pays entretenaient des relations assez étroites. Et au nombre des Etats que Kadhafi arrosait de pétrodinars, figure en bonne place le Pays des hommes intègres.
Mais, comme on ne dirige pas les pays avec des soupirs, pour rependre l’expression chère au Général de Gaulle, Blaise Compaoré ne se gêne pas aujourd’hui de passer son ami Kadhafi par pertes et profits comme si, pour paraphraser le même de Gaulle, le Burkina n’avait pas d’amis, mais que des intérêts.
Hyacinthe Sanou
L’Observateur Paalga