Abououoba

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LA TRANSMISSION DU POUVOIR ROYAL A KAMA (L’AFRIQUE)

LA TRANSMISSION DU POUVOIR ROYAL A KAMA (L’AFRIQUE) 

L’accession au trône dans les royaumes et empires de l’Afrique avant l'introduction de l'islam était basée sur le système matriarcal qu’on retrouvait partout en Afrique noire. Ce système postule que la femme est au centre de la famille. Dans nos sociétés sédentaires et agricoles, c’est elle qui cultive et qui garde les aliments, c’est elle qui donne la vie et qui élève les enfants. Ce faisant elle a plus de valeur économique dans le couple que l’homme, c’est pourquoi il lui verse une dot lors du mariage, pour compenser sa propre infériorité économique. C’est également elle qui représente la légitimité de la famille et les enfants se définissent d’abord par rapport à leur mère.

L’enfant qui naît est sous la tutelle de sa mère, à travers le frère de celle-ci. Le rôle de l’homme à Kama est de défendre par sa force physique la prééminence et le pouvoir de sa sœur. Il veille à ce que l’enfant soit attaché à la famille de celle-ci pour ce qui est de l’éducation et de l’héritage. Les relations de l’enfant avec son père sont des relations de courtoisie, alors qu’avec son oncle, il s’agit véritablement d’une relation affective. 

Pour ce qui est du pouvoir, c’est la femme qui en est donc la véritable détentrice. Ceci étant, en raison de son infériorité physique, elle ne peut pas directement accéder au trône, car le souverain effectif doit aussi être un chef militaire pour pouvoir faire face aux guerres. La femme délègue donc son pouvoir à son fils qui devient souverain effectif, mais elle garde une influence absolument considérable en tant que reine-mère et conseillère de premier ordre. Si son fils exécute le pouvoir, c’est sa fille qui hérite de la légitimité. Le roi règne donc le plus souvent, avec sa mère et sa sœur à ses cotés. C’est pourquoi quand le roi meurt, il est succédé sur le trône par son neveu, c'est-à-dire le fils de sa sœur. Le nouveau roi ayant été élevé par son oncle pour lui succéder. 

Le nouveau roi exécutera lui aussi donc le pouvoir de sa mère etc….. Par ce procédé indirect, le pouvoir passe de mère en fille et est exécuté par leurs fils respectifs.

Que ce soit dans l’empire du Ghana, l’empire du Mali, l’empire Ashanti, le royaume de Loango (Congo-Brazza), chez les Noirs d’Inde qui sont africains d’origine, probablement dans le royaume de Ndongo et Matamba (Angola) aussi, la transmission matriarcale du pouvoir était en vigueur. Pour exemple, dans l’empire Ashanti (Ghana actuel), Osei Tutu succède à son oncle Obiri Yeoba. Opokou Warè succède à son oncle Osei Tutu. Et ça aurait dû être à Kouakou, neveu d’Opokou Warè, de monter sur le trône. Si sa mère Pokou n’avait pas fui vers la Côte d’Ivoire pour permettre l’exode forcé d’une partie des Ashanti, il serait devenu roi. Par ce procédé, le pouvoir serait passé de la mère d’Osei Tutu, à sa fille, c'est-à-dire la mère d’Opokou Warè, à la fille de celle-ci, c'est-à-dire Pokou.

C’est dans ces mêmes circonstances qu’Hatchepsout a accédé au pouvoir en Egypte. Petite fille de la reine Akhotpou et fille de la reine Yamessou (on se croirait en Côte d’Ivoire), Hatchepsout avait des droits de succession supérieurs à ceux de son frère et mari Djehoutymessou Neferkhaou (Thotmosis II). A sa mort, elle profita du jeune âge de l’héritier désigné Djehoutymessou Neferkheperou (Thotmosis III) pour accéder naturellement au trône et devenir la 1ère femme chef d’état au monde, 3000 ans avant les reines de la dynastie Tudor en Angleterre. Pharaon ici épouse sa sœur parce que l’enfant qui naîtra aura la double légitimité d’être l’enfant de la détentrice du pouvoir, et l’enfant du frère de celle-ci. 

La 19e dynastie quant à elle a été inaugurée par Pa-Ramessou (Ramsès 1er) qui avec sa femme n’avaient pas de sang royal. Leur fils, Souti Mery-n-Ptah (Sethi 1er) légitimera son pouvoir en épousant une pure princesse égyptienne, Mout Touya. Le fils né de cette union, Ramessou Mery-Iman (Ramsès II), sera vu comme roi tout à fait légitime, en tant que fils de Mout Touya, qui sera très influente pendant son règne.


Par : African History-Histoire Africaine

Sources : L’unité culturelle de l’Afrique Noire, Cheikh Anta Diop, pages 109 à 111 ; L’Afrique noire précoloniale, Cheikh Anta Diop, pages 54 et 55 ; Afrique noire, démographie, sol et histoire, Louise Marie Diop-Maes, page 101.



03/03/2013
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