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Exploitation minière à Niankorodougou : Les populations attendent toujours leur part de gâteau

La présence de l’or dans une localité devrait en principe constituer une source de bonheur pour les populations concernées. Mais que sa découverte soit une angoisse pour elles ! ça rime un grand contraste. C’est ce que l’on a pu constater dans la commune de Niankorodougou où les populations sont ‘’soumises’’ aux ‘’lois’’ d’une société minière et des orpailleurs. « On pleure Niankorodougou », laisse entendre un élu municipal de la commune de Niankorodougou. En effet, depuis quelques mois maintenant, les villages de cette commune de la province de la Léraba sont la cible de plusieurs centaines d’orpailleurs venus à la recherche du métal précieux. Par tous les moyens, les orpailleurs arrivent par groupes et prennent d’assaut les sites aurifères dans les différents villages de la localité. Ce qui cause d’énormes désagréments aux populations. Car, en plus de la cherté de la vie, l’on assiste à la destruction des champs avec les récoltes de certains paysans par le fait de leur envahissement par ces chercheurs d’or. Dans le village de Fourkoura, un paysan témoigne également : « cette année seulement, j’ai perdu 14 têtes de bœufs qui sont tombés dans les trous qu’ils ont creusés ». Les grandes ouvertures que laissent ces orpailleurs constituent de réels dangers pour les hommes et pour les animaux domestiques. Cependant, certains interlocuteurs témoignent que des propriétaires terriens sont complices de la situation que vivent les populations en ce sens qu’ils cèdent leur terre contre des « miettes » ou pour une moto. Cette ruée vers ces villages crée un effritement au plan social, culturel et humain. La situation est d’autant plus inquiétante pour les populations que la quasi-totalité des villages de la commune, nous indique une autorité, possède chacun un site aurifère. Par ailleurs, c’est impuissantes également qu’elles confient assister à la dégradation des mœurs. La prostitution qu’elles disaient ne jamais connaître jusque-là prend des proportions outrageantes. Les filles de joie ont quitté les grandes villes et des pays étrangers pour y élire quartier. « Les prostituées viennent s’installer et finissent par entraîner nos filles », s’indigne un père de famille pour qui, l’entrée de leurs filles dans cette pratique ‘’immorale’’ est un véritable contraste avec leur culture. Tandis que pour ce conseiller municipal, « Aujourd’hui, les filles ne sont plus enchantées par le mariage. Elles préfèrent tourner entre les orpailleurs ». De l’avis de nombreuses personnes, seule une organisation pour parler un même langage peut contribuer à réduire les effets pervers liés à cette activité minière. Pour cela, elles avaient vu également en l’implantation d’une société minière australienne, une solution à la situation. Mais hélas, la société en question est décriée aussi par les populations dans ses méthodes de recrutement. A en croire les populations, elle fait fi des jeunes de la localité et envoie ses travailleurs d’ailleurs. Toute chose qu’elles estiment gauche en ce sens qu’elle devrait faire profiter les populations de la localité des retombées du minerai à travers l’octroi de certains emplois. Ce qui coïnce les choses aussi pour ladite société, car les orpailleurs sont devenus ses ‘’concurrents sérieux’’ sur le terrain. Ses tentatives de s’entendre avec les propriétaires des terres afin qu’ils refusent toute exploitation de la part des orpailleurs ne semblent pas avoir du succès. Elle est donc obligée de se tourner vers les autorités locales pour prendre les mesures à cet effet. Mais en attendant que les choses puissent s’arranger au profit de toutes les parties, les populations de Niankorodougou font face à la volonté d’orpailleurs décidés à y trouver leur vie et à une société minière qui cherche à être maîtresse des lieux. D’où le sens de leur appel aux cadres de leur localité et aux autorités compétentes afin que des réflexions soient menées sur des modalités d’exploitation qui puissent leur être profitables aussi. Oumar OUEDRAOGO Le Progrès


27/07/2011
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