Abououoba

Abououoba

ENQUETE SUR LES MEDIAS BURKINABE

ENQUETE SUR LES MEDIAS BURKINABE

"Les politiciens ont peur de se faire épingler"
Le Burkina a célébré la Journée mondiale de la presse le 5 mai 2009 au Centre national de presse Norbert Zongo. Trois activités étaient au menu : la présentation des résultats d’une enquête par sondage sur l’audience et l’impact des médias burkinabè, le lancement du prix Norbert Zongo et l’organisation d’un panel animé par la présidente du Conseil supérieur de la communication et le doyen Sékou Tall sur le thème "Médias, dialogue et compréhension mutuelle."

Il est loin le temps où les journalistes pouvaient écrire ce qu’ils voulaient sans que rien ne change. C’est une des révélations de l’enquête par sondage sur l’audience et l’impact des médias burkinabè, commanditée par le Centre national de presse Norbert Zongo et présenté au public le 5 mai dernier. Selon le consultant principal, Abdoul Karim Sango, l’enquête qualitative a montré au niveau de l’imputabilité (le devoir de rendre compte), que les hommes politiques ont peur d’être épinglés par les médias. De l’aveu même de certains des politiciens ayant répondu aux enquêteurs, "les populations prennent de plus en plus conscience de ce que doit être l’imputabilité des gouvernants". C’est une tendance jugée positive mais qui mériterait des relais dans l’opinion publique. Un des constats faits par les consultants est que’ l’opinion ne suit pas toujours le travail des journalistes de sorte à maintenir la pression sur les gouvernants. Sur les principaux résultats de l’enquête, on note que la radio est de loin le média préféré des Burkinabé dans les quatre villes suivantes. Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Koudougou et Ouahigouya. L’explication est toute simple, selon Abdoul Karim Sango : "La radio est plus accessible physiquement et financièrement et émet généralement dans les langues des populations ». Le consultant a tenu a rappeler que "beaucoup de radio renforce leur audience en reprenant le contenu des journaux". La télévision arrive en seconde position, mais plus pour les divertissements qu’elle offre que l’actualité ou les débats politiques. La presse écrite reste un média "marginal", selon les résultats de l’enquête qui a porté sur un échantillon de 500 personnes de plus de 18 ans. Le fait que les journaux soient publiés en français joue négativement sur leur audience, ainsi que le coût du journal à partir de 200 F CFA. Les quatre quotidiens (Le Pays, L’Observateur Paalga, Sidwaya et l’Express du Faso) se partage cette frange de l’audience de la presse écrite, les périodiques et les journaux d’opinion ayant une part assez faible. Les thèmes préférés des lecteurs sont, dans l’ordre, la politique, l’actualité et les sujets en rapport avec la corruption. L’enquête sur l’audience des journaux dans les quatre villes fait ressortir que chaque quotidien a sa ville. A Ouagadougou et à Bobo Dioulasso, l’Observateur est en tête de l’audience avec respectivement 16 et 20%, "Le pays" se taille la part du lion à Koudougou avec 38% mais est devancé à Ouahigouya par l’Indépendant (15%). Sur l’impact des médias sur les Burkinabè, les résultats de l’enquête sont formels : 56% des personnes enquêtées jugent que les médias leur permettent de faire leur choix politique. 83% pensent que l’écoute des infos leur permet de comprendre comment les choses fonctionnent. Koudougou et Ouahigouya sont les villes où les médias influencent beaucoup les citoyens, respectivement avec 71% et 80%. Le panel qui a suivi cette présentation est revenu justement sur le rôle que peuvent jouer les médias dans le dialogue et la compréhension mutuelle. Béatrice Damiba, présidente du CSC et Dr Sékou Tall en étaient les principaux animateurs. Devant un auditoire composé de diplomates, de journalistes et de représentants d’associations, de journalistes et d’étudiants, la présidente du CSC a insisté sur le rôle d’arbitre, de rapprochement et d’atténuation des différences ainsi que la promotion de la tolérance de la diversité. Pour y arriver, le journaliste devra combattre en lui-même l’intolérance (religieuse, raciale et ethnique) et faire preuve de bonnes mœurs. L’autre panéliste, Sékou Tall, a présenté son expérience personnelle de l’influence des médias des années 50 à nos jours. Il a insisté sur certains grands moments de la vie politique internationale et nationale telle que rendue par la presse et ressentie par lui.

Par Abdoulaye TAO



06/05/2009
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 3 autres membres