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Burkina Faso : 2015, l’année de la relève ?

Burkina Faso : 2015, l’année de la relève ?

vendredi 28 octobre 2011

Certes, pour beaucoup, ce titre pourrait prêter à une franche rigolade. Après tout, on ne met pas la charrue avant les bœufs. Qui plus est, on est à peine en 2011, et qui sait où en sera la situation politique au pays des hommes intègres d’ici là ? Mais laissons toutes ces questions de côté et essayons quand même de nous projeter dans l’avenir.

En toute logique, Blaise Compaoré ne pourrait se représenter en 2015 car la constitution le lui interdit formellement. Dès lors, faisons un tour d’horizon de la scène politique burkinabé et tachons de voir qui a le plus de chances de remporter une élection présidentielle et peut-être que l’homme aussi mu par des considérations personnelles pense qu’il est temps de raccrocher même si pour cela il veut faire les choses comme il faut, évitant d’exposer le pays à l’aventure.

Admettons que l’exercice n’est pas des plus aisés, et pour cause ! Après plus de deux décennies de « Compaorisme », on a énormément de mal à s’imaginer un autre homme aux rennes du Faso. Toutefois, trois hommes semblent en mesure d’être présents dans les starting-blocks : Maitre Bénéwendé Sankara, Roch Marc Christian Kaboré et Maitre Hermann Yaméogo.

On pourrait toujours mettre en outsider le jeune président de l’ADF/RDA Zéphirin Diabré ou Arba Diallo,mais l’exercice ici est beaucoup plus précaire. En effet, le premier semble être à cheval entre le parti majoritaire et l’opposition.Plus grave pour beaucoup il n’existe que de par la grâce de son père et de Blaise Compaoré. Le fond programmatique n’est pas présent, même si par ailleurs l’homme ne manque pas d’entregents.

Le second est encore à ses débuts, il aurait besoin de convaincre par la force de ses idées et en brisant certaines barrières culturelles qu’il peut avoir un destin national.

Le troisième ratisse large au niveau de sa souche ancestrale mais le danger d’ethnisation de la politique peut limiter son ascension dans les cimes de l’Etat.

Mais quelles sont pour y revenir pour un quelconque membre du trio de succéder au chef ?

Me Sankara a pour lui de se déployer sous une bannière ( le sankarisme) qui fait des émules au niveau de la jeunesse, mais il mange un peu son blé en herbe par un manque de propositions de patience et de savoir faire. Pour ne pas arranger les choses son parti semble connaître des difficultés croissantes alors que les dern ières prestations de l’opposant au sujet du « Blaise dégage » n’ont pas servi son image.

En effet en tentant de jouer le tout pour le tout à travers la manifestation suite à l’affaire Norbert Zongo, Me Sankara à subi un revers dont il peine à se relever.

Loin d’être la marche du million annoncée, le résultat a été désolant : quelques centaines de personnes vomissant leur bile contre le pouvoir en place. Pour un chef de file de l’opposition, Maitre Bénéwendé Sankara n’a pas été capable d’être rassembleur. C’est pourtant la première chose que doit posséder tout bon politique. C’est dans le lexique. Le point fort de notre homme : il a déjà été candidat à une élection présidentielle. D’aucuns diront que cette élection était galvaudée, mais c’est un fait.

Passons à Mr Roch Kaboré. L’homme fait partie de la mouvance présidentielle et possède une expérience non négligeable dans la politique et il semble avoir les moyens de son action. Beaucoup d’opérateurs économiques de chefs se réclament de son amitié. Cela étant, il est apparu au fil du temps comme le chef de file de l’opposition interne au sein du CDP, situation difficile pour celui qui s’y trouve empêtré surtout lorsqu’il n’affirme pas clairement ses ambitions présidentielles.

Alors même s’il peut avoir une force de frappe cachée, il apparaît surveillé comme le lait sur le feu. N’étant pas au demeurant un enflammeur de foule, on hésite à l’imaginer ravissant le jackpot sans user de la courte échelle.

En dernier lieu, nous avons un opposant de longue date : Maitre Hermann Yaméogo. Si l’homme a été plongé dès sa plus tendre enfance dans le bain de la politique, son père étant le premier président de la république, il n’en demeure pas moins qu’il a toujours été frileux quant à être candidat à une élection présidentielle. C’est du moins ce que nombre de ses détracteurs lui reprochent. Face à cette critique, Maitre Hermann Yaméogo a toujours clamé haut et fort qu’il ne servait à rien de se présenter à une élection devant Blaise Compaoré tant que les dés étaient pipés.

Au-delà de ce reproche, on lui imputerait la prolongation de Blaise Compaoré au pouvoir par sa propension à lui voler au secours à chaque fois qu’il est en danger. Certains vont jusqu’à dénoncer un pacte secret entre les deux hommes.

Ceci étant, l’homme ne manque guère de talents, il passe même pour être un renard et un fin tacticien dans l’arène politique. Il est rassembleur, il a des idées, il a le verbe et sait en user pour captiver son auditoire. Bref, il possède tout de même pas mal de cordes à son arc.

Pour l’instant, le Burkina Faso est suspendu aux lèvres de Blaise Compaoré. Que va faire l’homme ? Va-t-il enfin rendre son tablier et, du même coup, damner le pion à nombre de ses détracteurs qui ne voient en lui qu’un président africain de plus, incapable de quitter le pouvoir ? L’année 2015 devrait être, si la constitution est respectée, une année qui sonnera le renouveau au Burkina Faso.

N’oublions pas que, mis à part le premier président de l’ex Haute Volta, nous n’avons connu qu’une succession de régimes militaires. Un civil de retour au pouvoir serait plus qu’une énorme surprise : ce serait une révolution pour l’histoire de ce pays !

PAR SAN FINNA



28/10/2011
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