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Bobo-Dioulasso : Verdict vendredi pour le procès des accoucheuses

Bobo-Dioulasso : Verdict vendredi pour le procès des accoucheuses

mercredi 12 octobre 2011

Les choses semblent s’accélérer dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler l’affaire Sita Traoré. Du nom de cette parturiente qui avait trouvé la mort à la maternité Sylla-Sanon de Bobo-Dioulasso le 1er septembre 2011. Révoqués avec poursuite judiciaire « pour faute grave » une semaine après le drame par le conseil des ministres, les deux agents de santé que sont Salimata Bahan, accoucheuse auxiliaire, et Zénabou Ouattara, agent itinérant de santé, incriminées dans cette affaire étaient hier devant le tribunal correctionnel de Bobo-Dioulasso. Un procès marathon qui aura duré toute une journée et dont le verdict est attendu le vendredi 14 octobre prochain.

Les faits remontent au 1er septembre 2011 dans la matinée. Sita Traoré venue quelques heures plus tôt pour donner la vie trouvera la mort dans la salle d’accouchement de la maternité Sylla-Sanon sans même réussir à se débarrasser du fruit de ses entrailles. Comme une traînée de poudre, la triste nouvelle se répandra à Colsama provoquant ainsi colère et indignation des populations. La suite, on la connaît : la maternité sera mise à sac avant d’être réduite en cendres par un incendie. Quelques jours plus tard, c’est le conseil des ministres en sa séance du mercredi 07 septembre 2011 qui décidait de la révocation pour « faute grave » avec poursuite judiciaire des deux agents de santé mis en cause dans cette affaire.

Hier mardi, Salimata Bahan et Zénabou Ouattara qui avaient pour conseil maître Bénao étaient entendues par le Tribunal correctionnel de Bobo-Dioulasso. L’audience débutera peu après 08 heures par l’audition de la partie civile. Et c’est d’abord Sita Ouattara, coépouse et accompagnatrice de la défunte, qui sera la première à être entendue par le tribunal. Dans sa déclaration elle affirme que Sita Traoré était presque abandonnée à elle-même dans la salle d’accouchement où l’accès lui était interdit. Elle reproche ainsi aux accoucheuses de n’avoir pas porté assistance à la patiente pendant ses durs moments alors qu’elle avait tenté à plusieurs reprises de les alerter mais en vain.

Ces propos seront corroborés par son époux Adama Traoré qui reste d’ailleurs convaincu que sa femme est morte par négligence. Il déclare en outre devant le tribunal n’avoir pas supporté un seul instant les injures proférées par les accoucheuses à l’encontre de sa femme en travail suite à son vomissement dans la salle. Après l’audition de la partie civile, les deux prévenues seront appelées à s’expliquer. Dans leur déclaration, l’accoucheuse auxiliaire et l’agent itinérant de santé affirment avoir porté assistance à la parturiente qui est arrivée le mardi aux environs de 18 heures 30.

Elle sera auscultée avant d’être admise dans la salle d’accouchement à leurs dires. Et bien que Sita Traoré ne fût pas à jour de ses visites prénatales, aucune anomalie n’avait été constatée et la grossesse avait connu une évolution normale, ont reconnu les deux prévenues. Mais c’est surtout au niveau de la surveillance de cette femme en couche que les débats vont commencer à s’animer véritablement. Arrivée à 19 heures 34, la victime a eu droit à une première visite (le pouls, la tension, le battement cardiaque, le toucher vaginal, etc.) à 20 heures 54 ; la 2e visite à 23 heures 54, et la troisième à 03 heures 17.

Le problème à ce niveau était de savoir si les accusées avaient respecté les périodicités des visites. Pour les deux prévenues, la surveillance devra se faire dans un intervalle de quatre heures. Et le tribunal de demander si cette règle avait été respectée par les deux agents de santé dans ce cas précis ? Assurément non si l’on s’en tient aux temps de visite qui ont été relevés au cours du procès. Mais c’est surtout pendant l’audition des témoins que l’on apprendra beaucoup de choses.

Il est ressorti des débats par exemple que le temps de surveillance qui était de quatre heures a été depuis ramené à deux heures. Ce que Salimata Bahan et Zénabou Ouattara semblaient ignorer. L’autre point chaud du procès portait sur les circonstances du décès de Sita Traoré dont le corps a été trouvé à même le sol. Serait-elle tombée de la table d’accouchement comme le pense la partie civile ou serait-elle descendue de son gré pour s’étaler par terre avant de trouver la mort comme le pensent les accusées ?

A cette question, aucune des deux parties n’a pu apporter les preuves de ce qu’elle avance. Et le tribunal de demander l’origine de cette salive mousseuse qui s’échappait des narines et de la bouche de la défunte. Une question embarrassante pour les deux prévenues qui n’ont pas toujours su apporter des réponses précises à certaines interrogations. Il leur sera d’ailleurs reproché par le tribunal d’avoir déplacé le corps avant le constat. Et dans son réquisitoire, le procureur général n’y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer la négligence dont a été victime Sita Traoré. Poursuivies alors pour homicide involontaire, Salimata Bahan et Zénabou Ouattara sont passibles d’une peine d’emprisonnement ferme de deux ans et de 600 mille francs d’amende.

Ce qui est loin des 40 millions de dommages et intérêts demandés par l’époux de la victime, Adama Traoré. Mais pour maître Bénao, ses clientes ne sont que des victimes expiatoires dans un système de santé défaillant où la responsabilité de l’Etat n’est pas à écarter dans cette affaire. Ces deux agents affectés par l’Etat dans ce centre de santé ont-ils les compétences requises pour les accouchements ? s’est-il interrogé avant de réclamer la relaxe pure et simple de ses clientes. Le verdict est attendu le vendredi 14 octobre 2011.

Jonas Apollinaire Kaboré

L’Observateur Paalga



13/10/2011
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