Abououoba

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L’article 37 paralyse la politique burkinabè

On a dernièrement tiré le rideau sur le Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP). Gageons que les conciliabules consensuels ont permis de faire évoluer positivement la démocratie burkinabè. Le hic, c’est que certains ont beaucoup plus devisé sur l’absence d’une fraction des opposants au gouvernement que sur la portée réelle des pourparlers… Mais pourquoi, finalement, devrions-nous paralyser le corpus politique du pays pour quelque modification d’article minime, secondaire même ? Nous imaginons déjà les pontes de l’opposition avaler leur café matinal de travers à la lecture de ces lignes quasi blasphématoires, s’insurger contre tant d’ignorance, fustiger tant de complaisance à l’encontre du pouvoir en place : « considérer la révision de l’article 37 de la Constitution comme futile, quelle infamie ! » Pourtant, ce n’est pas parce qu’une pratique à cours dans la majorité des gouvernements « éclairés » qu’elle doit s’ériger en parangon de l’exercice démocratique. Nous avons toujours eu en horreur l’utilisation de l’argument « ad hominem », si courant en publicité – « neuf ménagères sur dix ont adopté la lessive trucmuch, c’est donc assurément la meilleure », comme principal motif de justification d’un comportement, d’une manière de penser et d’agir. Non, la limitation des mandats ne révolutionnera pas le paysage politique du Faso. Ce n’est pas une fin en soi. Avant d’appeler au départ d’un dirigeant, même en place depuis trop longtemps, il faut avoir la capacité d’assurer sa succession ; ou du moins un parti fort, un entourage, garantissant de pouvoir revendiquer le poste. Et c’est tout à fait ce qui pèche, à nos yeux, dans le paysage institutionnel burkinabè : le morcellement des forces politiques de la nation ne permettra, au grand jamais, de lutter à armes égales avec la « machine de guerre » qu’est le CDP. Comment même oser rêver le faire vaciller de son piédestal quand on a que la division des forces et des visions à lui opposer ? 162 insignifiants moustiques ne viendront jamais à bout d’un bœuf en pleine forme. C’est un fait. Dans le même ordre d’idées, l’Histoire nous a démontré que si les différentes hordes ne s’allient pas pour lutter contre celui qu’elles considèrent comme l’oppresseur, leur survie sera plus que compromise. C’est l’absence générale de cohésion tribale qui a précipité les « peaux-rouges » d’Amérique à leur perte. Et c’est la même logique qui semble animer l’opposition burkinabè : trop de chefs, pas assez d’Indiens. Que Ablassé Ouédraogo, Zéphirin Diabré, voire certains supposés leaders de l’opposition décident de jouer un rôle certain dans l’arène politique est plus que louable. Qu’ils lancent invariablement leurs propres partis au lieu d’appeler au rassemblement ne fait que rajouter de l’eau à notre moulin. Pour espérer quoi que ce soit à l’aune des élections de 2015, les opposants d’hier, à notre sens, devraient se concentrer sur ce qui les unit plutôt que de cultiver leurs apparemment insurmontable antagonismes. Prions pour que la tectonique des plaques transforme ces 162 dérisoires îlots en 16 pays vigoureux, ou même, encore mieux, en six continents herculéens capables de se réunifier en une Pangée toute-puissante si besoin est. Terminons notre réflexion par une métaphore sportive : pour arriver à mettre K.O. le champion toutes catégories de la politique du Faso, il faut, déjà, avoir l’opportunité de l’affronter en combat singulier et, ensuite, lui opposer un challenger fort, soutenu par une « team » compétente, organisée, rassemblée derrière un même objectif, une même vision. Verdict au prochain round… Jérémie MERCIER (jeremie.mercier01@gmail.com) Sidwaya


28/07/2011
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