Abououoba

Abououoba

Exclusif: interview de Gérard Koala, dit DJ Kadhafi, par San Finna

Exclusif: interview de Gérard Koala, dit DJ Kadhafi, par San Finna

10 OCTOBRE 2011 
 
dj koala1 Exclusif: interview de Gérard Koala, dit DJ Kadhafi, par San Finna

« Donnons la chance à tout le monde de contribuer à mieux construire notre pays » DJ Kadhafi.

Gérard Koala, ce natif du pays des hommes intègres plus connu sous le nom de DJ Kadhafi, réside aux USA depuis maintenant quelques années.  A la fois animateur radio, DJ, mari et père, cet amoureux de la musique et de son pays a plus d’une corde à son arc. Nous l’avons contacté pour prendre de ses nouvelles et pour lui soumettre quelques questions auxquelles il a bien voulu répondre.  Carrière, regard sur l’actualité, vie privée, rêves, déceptions, projets … tout, ou presque, y est passé.  Jugez par vous-même.

San Finna : Merci d’avoir trouvé un moment dans un emploi du temps chargé pour vous prêter à cet exercice.  Tout d’abord, comment vous portez-vous ?

Gérard Koala : Par la grâce de Dieu, je me porte très bien.

SF : Cela fait des années que vous vivez aux USA, qui est devenu votre pays d’adoption en quelque sorte.  Pourquoi avoir choisi les USA plutôt qu’un autre pays ?

GK : J’ai choisi les USA pour le fait que c’est un pays d’opportunité et de liberté ou on peut facilement se croire être toujours chez soi.

SF : Parlez-nous de vos débuts en tant que DJ.  Quand êtes-vous officiellement « devenu » DJ ? En quelle année ? Que pensait votre famille de ce choix de carrière qui est assez rare au Burkina Faso ?

GK : Pour être sincère, j’ai commencé à côtoyer beaucoup de DJs au pays comme DJ Ibrahim, DJ Sylvain ou encore DJ Manzoni et DJ Alexis ; Ceux-ci m’ont donné une grande impression du métier de DJ et avec l’avènement des DJs Chanteurs (Faiseurs d’Attalakou), je me suis jeté dans le bain avec les soirées à la Gazeta ou au Maquis de DJ Ibrahim à Ouaga. Mais c’est plus précisément en Novembre 2004 que j’ai eu la chance de rencontrer Touré, un producteur Ivoirien à New York, qui m’a encouragé à me former au métier de DJ, et après avoir pris des cours de mixage sur trois mois au New York Audio School, aussi avec l’aide de mon ami DJ Imhotep, j’ai commencé à pratiquer ce métier comme profession. Ma famille ne m’a jamais fait savoir un quelconque problème dans tout ce que j’ai toujours fait. Donc j’estime que j’ai la bénédiction de la famille.

SF : Quelle a été la première soirée que vous avez animez en tant que DJ et en gardez-vous un bon souvenir? 

GK : Ce fut la boite de nuit « La Plantation » à New York. J’avoue que j’avais le tract mais en fin de soirée, j’ai été approché par plein de gens pour savoir qui je suis et d’où je viens et cette soirée m’a permis d’entrer avec beaucoup de sérénité dans le milieu Africain à New York puis après dans tout les USA.

SF : Quelle a été votre meilleure et votre pire expérience en tant que DJ? 

GK : Ma meilleur expérience ce fut le jour où j’ai joué, grâce à notre compatriote Kader 1er, à Central Park au Summer Stage de New York devant plus de 5000 personnes en majorité américains, européens, et asiatiques, et ai partagé la même scène qu’une grande vedette Israélienne, avec plusieurs médias internationaux. Je m’en souviendrais toujours. C’était le 17 juin 2008. J’adore tellement ce métier que je ne me souviens pas du pire souvenir.

SF : Dans le passé, vous avez travaillé avec David Tahirault et sorti un album ensemble intitulé « C’ lui ». Comptez-vous remettre ça avec lui ou un autre artiste? Avez-vous d’autres projets,  musicaux sur lesquels vous travaillez en ce moment ?

GK : Il faut d’abord que je précise que l’album a été présenté à la presse Burkinabé en Septembre 2009 mais il n’est pas encore sorti pour des raisons de manque de personnes sûres, pour le suivi de la promotion. Alors j’attends le bon moment et la bonne équipe pour le sortir au pays. Le résultat que nous aurons de ce premier album me permettra de savoir s’il faut remettre ça ou pas.  Les projets, j’en ai toujours, mais je préfèrerai les mûrir avant d’en parler.

SF : Continuez-vous à mixer ou êtes-vous retourné à vos premiers amours, j’entends par là bien sûr, la radio ?

GK : Je vis de mon métier de DJ aux USA ou je joue tous les weekends et cela m’emmène a beaucoup voyager. Pour la radio, depuis maintenant un an j’ai arrêté ma collaboration sur la radio WPAT pour le fait que je n’avais plus le temps pour préparer et réaliser mon émission chaque samedi.

SF : Ou est-ce que vous mixer en ce moment?

GK : Je mixe partout aux USA. Beaucoup plus à New York.  Fréquemment je mixe au Zoodo Night de New York et à Abuja Restaurant de New Jersey. Pour les soirées privées de mariages et baptêmes ou autres. Je vais partout. On me sollicite même en France et au Canada. J’ai aussi eu une invitation pour jouer à Bamako en 2012.

SF : Quelle genre de musique mixez-vous ?

GK : La musique africaine d’ambiance, puis souvent la musique caribéenne, américaine et asiatique. Cela dépend de la clientèle.

SF : Est-il plus difficile d’être DJ aux USA qu’au Burkina Faso ou en Afrique ? La concurrence est-elle plus féroce ?

GK : Je pense que c’est partout pareil. Il faut se battre pour être le meilleur. Rien ne se fait ou se gagne dans la facilité.

SF : Quels sont les DJs que vous aimez / respectez?

GK : J’aime tellement de DJs que je ne saurais tous les citer ici mais je reconnais que je respecte celui qui est au summum aujourd’hui : David Guetta sans conteste.

SF : Quel genre de musique écoutez-vous pour votre plaisir, en dehors du boulot ? Quelle est votre chanson/musique préférée des quatre dernières années ? 

GK : J’écoute beaucoup de rumba, musique religieuse, zouk. Au volant pour les longs trajets, j’écoute de la country music et beaucoup de musique rétro africaines. ça me rappelle mon enfance.  La chanson « si j’avais ça » de Madilu me rend dingue. Pour les quatre dernières années, j’adore « Beogo » de Floby, belle mélodie et ça donne beaucoup à réfléchir

SF : Ou puisez-vous votre inspiration ? 

GK : Dieu est mon inspiration

SF : Vous étés plutôt vinyles ou CDs? Pourquoi ?

GK: Vinyles, car ça permet de mieux créer. Les CDs, c’est bien, mais ça vous limite à certain mixes seulement.

SF : Vous êtes plutôt « old school » ou « new school » dans vos choix musicaux ?

GK :J’adore la « old school «  pour la qualité des chansons, mais pour une raison de mode, on est obligé de faire plus de « new school ».

SF : Quelle est la chose la plus drôle / embarrassante qui vous soit arrivée au cours d’une soirée que vous animiez ?

GK : J’ai joué dans une université américaine pour les étudiants africains de cette université, et un blanc qui voulait se trémousser à l’africaine s’est retrouvé au sol. Tout le monde en a ri et cela ne l’a pas empêché de continuer à danser. Comme quoi, la musique africaine est contagieuse.

SF : Quels conseils donneriez-vous à un aspirant DJ?

GK : Il faut beaucoup aimer son travail et ne jamais penser qu’on est assez bon. Toujours chercher à mieux faire. Enfin, accepter les critiques.

SF : Quels sont les aspects les plus positifs dans cette industrie de la musique?

GK : L’industrie de la musique permet un brassage des peuples. Avec la musique, vous pouvez faire rester dans la même pièce des personnes qui viennent de différentes cultures mais qui ressentent les mêmes joies. Aussi, elle permet de sauver des vies. La musique ne tue pas.

SF : Quels sont les aspects négatifs, ou les choses que vous aimeriez changer, dans cette industrie?

GK : Le fait qu’on ait tendance à tout accepter pour réussir dans la musique. Seul le travail paie. Il faut travailler plutôt que s’adonner à de mauvaises pratiques pour réussir.

SF : En tant qu’artiste burkinabé, que faites-vous pour promouvoir la culture burkinabé aux USA?

GK : J’essaie de mon mieux de faire connaitre la culture burkinabé en jouant les œuvres de nos artistes lors de mes soirées et depuis quelques temps, certains ont pu venir en spectacle aux USA. Mon projet actuel pour mieux faire connaitre notre culture et nos artistes, c’est la création, très prochainement, d’un grand festival des musiques d’Afrique aux USA.

SF : Quel regard portent les américains sur notre pays et quel accueil font-ils à notre culture ?

GK : De notre pays, ils ne connaissent pas trop. D’où le besoin de permettre à nos artistes de valoriser notre culture au-delà de nos frontières. Je travaille avec plein d’artistes de Côte d’Ivoire, du Mali, de la Guinée, du Sénégal. Mais rares sont les artistes burkinabé. Cela est dû au fait qu’on ne donne pas beaucoup de chance à nos artistes de sortir (du Burkina). Nos autorités politiques peuvent nous aider en accompagnant nos projets pour la promotion de la culture burkinabé en dehors de notre pays. Nul n’est prophète chez soi. Les américains aiment tout ce qui est bon, et nous avons de bons artistes au Burkina Faso. Il ne reste qu’à les aider à vendre notre culture et la faire connaitre aux américains.

SF : Vous avez déclaré par le passe que votre plus grand souvenir était le jour où vous avez reçu la carte d’invitation officielle à la cérémonie d’investiture d’Obama à la Maison blanche. Peut-on en déduire que vous êtes un supporter d’Obama ?

GK : Je suis un farouche supporter du Président Obama.

SF : Que pensez-vous de sa politique extérieure, particulièrement en ce qui concerne l’Afrique ?

GK : il faut bien rappeler aux habitants du monde entier qu’on est condamné à vire ensemble, donc on doit s’entendre. Pour ce qui concerne l’Afrique, son message est clair. Les africains seuls peuvent et doivent sauver l’Afrique et la développer. Personne ne viendra le faire pour nous. Alors lui au moins il nous le dit plutôt que ne nous endormir avec plein de promesses comme certains dirigeants le font.

SF : Vous avez à plusieurs reprises exprimé votre admiration pour Kadhafi, et d’ailleurs votre nom de scène est DJ Kadhafi. Quel, regard portez-vous sur les événements survenus en Libye ?

GK : C’est ce qui est arrivé en Libye. Si les africains n’arrivent toujours pas à décider pour eux-mêmes et que c’est d’ailleurs qu’on nous impose nos dirigeants, c’est dommage. Le drame dans cette affaire est que l’Afrique a été ingrate (quand on sait) ce que Kadhafi a fait pour le continent. Il ne méritait pas un tel sort. Tout peut se négocier. On ne doit pas continuer à régler les problèmes par la force. Et si on laisse toujours faire, ne soyons pas surpris qu’un jour on soit aussi sur la liste.

SF : Que pensez-vous de la position de l’Union Africaine concernant le CNT ?

GK : Je ne reconnais pas l’Union Africaine. Pour moi, c’est encore une organisation zombie. Un club d’amis qui défendent leurs propres intérêts et non un bloc de réflexion d’une vraie émergence de notre continent et de ses futurs dirigeants. Le problème en Afrique c’est qu’on ne sait pas que demain se construit aujourd’hui.

SF : Le Burkina Faso a récemment déclaré ne pas avoir reçu de demande d’asile de Kadhafi et ne pas compter le lui accorder si une telle demande venait à être faite. Votre réaction ?

GK : C’est le droit des autorités burkinabé de décider ce qu’elles veulent. Si vous demander au peuples africains, ils vous diront autre chose que ce que pensent leurs dirigeants.

SF : Le Burkina Faso a été secoué par une crise et est toujours en convalescence. Quel regard portez-vous sur les efforts et les promesses faites par le gouvernement dans le sens des réformes à travers le CCRP ? 

GK : La solution à nos problèmes ne réside pas dans un document de réformes. Il ne faudrait pas être surpris. La jeunesse Burkinabé est aujourd’hui très consciente de son avenir. Il faut écouter cette jeunesse. Il faut l’aider si on veut éviter le désordre. Ventre creux n’a point d’oreilles. Le Burkina Faso est un beau pays avec une population très brave. Il faut utiliser toutes ces potentialités. Donnons la chance a tout le monde de contribuer à mieux construire notre pays.

SF : Vous êtes marié et avez des enfants. Comment conciliez-vous votre vie de famille avec celle de DJ et d’animateur radio?

GK : Mon métier n’interfère pas avec mes responsabilités de père de famille. J’essaie autant que je peux d’être bon à tout. Ma femme et mes enfants pourront me juger.

SF : Ou avez-vous rencontré votre femme ?

GK : A New York

SF : Est-elle Burkinabé ou non ? Si non, est-elle déjà allée au Burkina Faso ? Si oui comment a-t-elle trouve notre pays ?

GK : Elle est américaine et elle est déjà venue au Burkina Faso. Elle adore notre pays.

SF : Et vos enfants, y sont-ils aussi déjà allés ?

GK : J’ai une fille qui est née ici. Mes deux autres enfants poursuivent leurs études scolaires à Ouagadougou. Au moment venu, la famille se retrouvera.

SF : En parlant du Burkina, est-ce que vous prévoyez un voyage au pays des hommes intègres dans le futur proche ?

GK : Mon futur est dans la main de Dieu. Je veux bien venir une fois par mois au pays (rire)

SF : A quand remonte votre dernier séjour au Burkina ?

GK : j’étais à Ouaga en Novembre 2010 pur seulement trois jours.

SF : Que faites-vous lorsque vous ne travaillez pas ? Quels sont vos loisirs?

GK : Je regarde beaucoup les informations à la télé. Et j’adore regarder les matches de football.

SF : Votre sportif préféré est-il toujours Eto’o Fils ? Que pensez-vous de son transfert ?

GK : Bravo à lui ! Son transfert est la juste reconnaissance de son talent. Ce que les instances du football mondial ont refusé de voir en lui attribuant le ballon d’or européen et meilleur joueur FIFA.

SF : Et Alain Traore des Etalons, qu’en pensez-vous ?

GK : Une grande star en devenir si Dieu le protège des blessures. Je l’ai vu la première fois contre le Sénégal avec un coup franc magistralement transformé. Bonne chance à lui. Je suis fan !

SF : Le Burkina a-t-il une chance de gagner la CAN 2012 ? 

GK : Nous serons Champions d’Afrique à la CAN 2012 si nos joueurs le veulent. Quand on veut, on peut.

SF : Si vous pouviez faire trois vœux, quels seraient-ils?

GK : (1) Réveiller mon père qui nous a quitté en janvier 2010 ; (2)  Donner la chance à tous les enfants d’aller à l’école ; (3) Faire que tout le monde mange à sa faim.

SF : Le mot de la fin ?

GK : Merci beaucoup à San Finna d’avoir pensé à ma modeste personne. Je souhaite que d’autres medias burkinabé cherchent à informer les burkinabé sur leurs compatriotes partout dans le monde.  J’invite tous les burkinabé, ou que nous soyons, à nous tendre la main pour être plus forts. Nous sommes un peuple bénit. Alors travaillons à nous entraider. Dieu bénisse le Burkina Faso et le peuple burkinabé. I love you !

Propos recueillis par Marie. San Finn



16/10/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 3 autres membres