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CARTE DE PRESSE : Et après ?

CARTE DE PRESSE : Et après ?

vendredi 7 octobre 2011

 

Je ne comprends pas les journalistes. Ce sont eux qui, chaque jour, défendent les droits des gens, aident des personnes à régler leurs problèmes. Ils écrivent, parlent et filment pour montrer au peuple ce que le gouvernement fait de bien et ce qu’il ne fait pas, qu’il devrait faire. Bref, ils s’occupent des problèmes des autres. Mais eux, leurs problèmes, ils n’en parlent pas ou peu. Ils préfèrent les déverser dans les oreilles de leurs amis. Voilà un ami journaliste qui est venu bavarder avec moi la dernière fois. Je ne sais plus où, je ne sais plus quand. Il a soulevé un problème, qui n’est pas des moindres : la carte de presse.

Mon ami m’a dit qu’il reconnaît que ce carré biométrique lui permet de démontrer aux très sceptiques qu’il est journaliste. Mais à part ça, il ne voit plus rien. D’abord, il la trouve désuète au regard du comportement de certaines institutions. Eh oui ! Il m’a dit que quand il veut entrer dans les locaux de ces institutions, on lui dit impossible tant qu’il n’a pas de badge de l’institution en question. Pourtant, la carte de presse est signée par la présidente du Conseil supérieur de la communication (CSC) en personne, une présidente d’institution de la République, en bonne et due forme.

C’est donc une pièce d’identité qui bat de loin un simple carré de vulgaire papier marqué "visiteur" et attaché avec de la ficelle. Il m’a avoué sa frustration chaque fois qu’il a été obligé d’échanger sa carte de presse contre ces badges. Ensuite, il y a les avantages liés à cette carte. Parce qu’à l’heure actuelle, elle n’est pas très différente de la carte d’identité nationale en ce qu’elle ne confère aucun avantage ou presque. Ailleurs, la carte de presse permet aux journalistes de profiter de certains services à des tarifs réduits. Par exemple, tout le monde sait que le journaliste est un "gars" ou une "go" qui se déplace et voyage beaucoup. Alors, on accorde dans certains pays des réductions sur le prix des billets d’avion, de car ou de train aux journalistes pour qu’ils puissent accomplir leur mission, qui est de service public, dans de meilleures conditions. Mais au Burkina, rien de tout cela. Je plaide donc, au nom des journalistes (ils pourront venir me remercier après), pour que le CSC essaie de négocier tant avec l’Etat qu’avec le privé des conditions préférentielles pour les "gratte-papiers" afin de leur faciliter leur boulot.

Mais qu’on se comprenne : il ne s’agit pas d’une corruption des hommes de médias. Si une société privée accepte d’accorder ces avantages aux journalistes, il ne faut pas qu’elle attende d’eux qu’ils lui lèchent les bottes ou que si ses dirigeants se montrent indélicats aux yeux de la loi, on fasse un blackout médiatique sur ça. Non ! C’est une contribution patriotique qu’on leur demande, juste pour aider ce corps de métier important pour toute société, tant au niveau de l’enracinement de la démocratie qu’au niveau de l’harmonie de la vie sociale. C’est certain que de nombreuses personnes me diront que les journalistes ne sont pas les seuls messieurs et dames à jouer un rôle pour le bien de notre société.

Qu’il y a les médecins, les sapeurs- pompiers, les policiers, les enseignants, les vendeuses de benga au bord des routes, qui le sont tout autant. Mais je leur demanderai de ne surtout pas oublier que l’un des combats premiers des journalistes, c’est justement de défendre le "mangement" de tous ces braves gens. C’est vrai que le journaliste est vu comme un empêcheur de tourner en rond par ceux qui veulent tourner la loi en bourrique. C’est possible que de nombreuses personnes ne voient pas en quoi un journaliste peut influer sur leur vécu quotidien ou sur l’augmentation ou la diminution de la marge bénéficiaire de leurs entreprises. C’est possible que ces personnes se demandent aussi ce qu’elles gagnent en retour en accordant ces privilèges ou ces facilités aux hommes de médias. Le combat consistera pour le CSC à sensibiliser et à convaincre ces personnes.

Les journalistes figurent parmi les gardiens de la République, de la démocratie, de l’éducation, de la paix sociale et de l’éveil des consciences. Si votre gardien n’a pas de bâton pour se défendre lui-même, ne soyez pas étonné que votre maison devienne un boulevard pour les voleurs. Mais au fait, il faudra aussi penser à moi. Chaque semaine, je vous donne un peu de ma folie. Ma folie, elle est précieuse, et il faut que j’en tire des avantages aussi. Ou bien ? Qui est fou !

Le Fou

Le Pays



07/10/2011
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