Abououoba

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Blaise Compaoré : Tout le temps que le peuple voudra !

« Combien de temps va-t-il encore tenir ? » Telle est la grande question pleine de dépit que se pose un confrère parlant du Président du Faso et de la situation nationale, faisant ainsi chorus avec une certaine obédience politique qui ne cache pas ses espoirs et ses rêves de voir Blaise COMPAORE débarqué du pouvoir hic et nunc quels que soient les moyens et les conséquences. C’est à croire que tout ce qui se passe est assimilable à des coups de boutoir orchestrés et planifiés pour venir à bout du pouvoir en place et que cette éventualité ne serait plus qu’une question de temps.

En réalité, plus qu’un questionnement sur l’avenir de Blaise COMPAORE qui serait déjà scellé, à en croire les tenants de ce discours, c’est une certitude qui est affirmée, la seule incertitude s’il y en a encore, étant le temps qu’il pourra « encore tenir ». Une analyse qui nous interpelle, d’autant plus qu’elle nous engage tous même si nous n’en sommes pas responsables et que ceux qui la tiennent sont suffisamment grands pour s’assumer pleinement. Pour accréditer sa thèse et nous convaincre de sa vista, notre confrère se plaît à dresser un tableau apocalyptique de la situation nationale, avec en prime des « indiscrétions » sur la peur-panique qui se serait emparée de la famille du président laquelle le pousserait vers la sortie pour tenter de sauver ce qui se peut encore. Des « confidences » qui viennent montrer qu’on est dans un journal d’investigations et raffermir le « sérieux » de l’article. C’est tout dire !

Les jeux seraient donc ainsi faits et plus rien ne pourrait sauver le « soldat COMPAORE » ; même pas l’éternel « Hermann YAMEOGO, l’éternel sauveteur de la dernière minute ». Pour enfoncer le clou on nous le fait tenir pour dit : le fiasco mémorable du meeting du 30 avril de l’opposition pour exiger ce débarquement n’a été qu’un simple malentendu entre le peuple et les organisateurs. D’ailleurs tout serait rentré dans l’ordre depuis lors et l’opinion publique ne jure que par les communiqués du chef de file de l’opposition !

En vérité, à lire ce tableau, on ne peut pas ne pas aboutir à la certitude qui se dégage de cette question : « combien de temps va-t-il encore tenir ? » Et pourtant depuis qu’elle a été posée, on attend de voir. Quelque chose cloche donc quelque part. Il faut dire qu’au moment où on la posait, le Burkina Faso était à sa énième mutinerie et une dernière qui non contente d’apparaître comme un pied de nez au Président du Faso (qui avait reçu et fait des promesses aux soldats et qui était en deuil), atteindra des summums jamais égalés, tant dans la défiance à toutes les règles de la république, que dans la violence gratuite. Le scénario parfait pour un « final » qui devait mettre un terme à la résistance pourrait-on dire. Le fruit était mûr et bien mûr. Et pourtant !

Non seulement ce « final » a produit l’effet contraire, c’est-à-dire un sursaut salvateur de la République, mais il a totalement inversé l’ordre des évènements. Un renversement de situations qui est loin d’être le fait du hasard. Bien au contraire, il était prévisible. Pour la simple et bonne raison que les arguments de ceux qui appellent à une mise entre parenthèse de la démocratie sont tirés par les cheveux et s’apparentent beaucoup plus à des rumeurs et à de l’intox qu’à des faits ou des hypothèses simplement plausibles.

Il faut dire que le pouvoir n’a jamais été autant chahuté et des symboles de la Nation autant bafoués. De même, on a eu quelquefois l’impression que la situation était hors de contrôle et que tout ira de mal en pis. Par ailleurs, le contexte international avec les révolutions arabes a certainement donné des idées et libéré les imaginations.

Mais de là à tirer des plans sur la comète, il y a un pas qu’on devait se garder de franchir, ne serait-ce que pour ne pas servir de prétexte ou encourager la chienlit. Il faut croire que des acteurs ont choisi de ne pas en tenir compte. Certains étaient de fait devenus les théoriciens des mutineries qu’ils évitaient soigneusement de condamner ou d’importuner, tandis que d’autres n’avaient aucune gène à apparaître comme des parrains de mutins avec lesquels ils ont partagé les beaux jours du Collectif des années 1998-2000. Ceci explique-t-il cela ?

On peut le penser et la connivence réelle qu’on a sentie était d’une indécence sans nom. Personne ne leur demande de se repentir aujourd’hui, car ce serait peine perdue, puisque cela suppose une bonne dose de bonne foi et d’attachement à la République. Et cela n’est pas donné. Néanmoins nul ne pouvant se prévaloir de ses propres turpitudes, nous sommes tous en droit de ne plus leur accorder grand crédit. On sait que cela ne leur fait ni chaud ni froid, mais une telle situation laisse toujours des traces.

Mais puisque la question est posée, il faut bien y répondre même si de toute évidence nous n’y sommes pas invités ; « Combien de temps Blaise COMPAORE va-t-il encore tenir ? ». A notre sens, il ne fait aucun doute que le peuple burkinabè reste encore maître du jeu. Ce faisant, le Président du Faso tiendra tant que ce sera le cas. Dire que certains se voyaient actuellement en train de s’introniser « grands vizirs ».r

Cheick Ahmed 
ilingani2000@yahoo.fr

L’Opinion



28/07/2011
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