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163 partis politiques, pour quoi faire au Burkina Faso ?

163 partis politiques, pour quoi faire au Burkina Faso ?

jeudi 13 octobre 2011


L’on pourrait soutenir que la démocratie est en marche dans un pays si la floraison des partis politiques était considérée comme étant un signe. Si l’on s’en tenait seulement par le nombre élevé de partis politiques comme indicateur de développement d’un pays, en supposant qu’autant de partis politiques sous-entende autant d’idées, d’engagements et de convictions pour le développement d’un Etat, le Burkina Faso en particulier, l’Afrique en général, serait en tête à tout point de vue ! Et pour cause, le "pays des Hommes intègres" vient d’enregistrer sa 163e formation politique, le Parti républicain pour l’indépendance totale (PRIT- LANNAYAN) qui a lancé officiellement ses activités, le dimanche 2 octobre 2011 à Ouagadougou.

 

Si c’était la grande famille africaine qui accueillait son 163e bébé, au sens propre du terme, l’on aurait applaudi à tout rompre ! Mais hélas ! Ce n’est pas le cas, et, diront certains, « c’est encore un parti politique » qui vient s’ajouter aux autres sur le terrain et qui proclame sa proximité et/ou partage la même idéologie que certains de ses devanciers. Ainsi, pour en gros 17 millions de Burkinabè, l’on dénombre 163 partis politiques. Un calcul mental répartissant les Burkinabè entre ces formations politiques que chaque parti compterait environ 104 295 militants. Alors se posent des questions qui pourraient provoquer des gifles, des coups de poing et au mieux, des injures dans certains salons et milieux burkinabè, voire africains, car ne faisant pas forcément plaisir à entendre !

Est-ce réaliste qu’un pays comme le Burkina Faso compte 163 partis politiques ? A-t-il vraiment besoin de 163 projets de société pour son développement ? En un mot, et de façon lapidaire, certains diront avec juste raison, « 163 formations politiques pour quoi faire au Burkina Faso » ? En réalité et disons-le avec courage, les Burkinabè n’ont pas besoin d’une centaine de formations politiques pour leur développement. Et si c’est le cas, à quoi servent donc ces multiples formations politiques ? A vrai dire, plein sont ces partis politiques au Burkina qui n’existent que sur le papier, les leaders ne pouvant souvent mobiliser leur propre secteur, encore moins leur village, sachant qu’un parti politique sérieux, qui entend conquérir le pouvoir d’Etat, n’est pas fait pour un village ou une province !

En effet, il se dégage que la plupart des leaders des partis politiques n’ont pas de projets de société à même de susciter l’adhésion des populations. Ils créent ainsi des soi-disant regroupements pour exister, à travers des maigres privilèges, affaiblissant du coup l’opposition qui a nécessairement besoin d’être forte et unie afin de créer les conditions favorables à une alternance. Malheureusement, l’impression qui se dégage est que la création d’un parti politique semble devenue un business au Faso et en Afrique, car même si ça ne marche pas bien pour les leaders des partis politiques à toutes les périodes, le moment des élections permet de rentabiliser avec le financement de l’Etat à travers l’argent du contribuable.

Mais au-delà de ce fait, c’est-à-dire la multiplication des partis politiques ou d’anciens camarades se séparent et créent leur propre parti politique, n’y aurait-il pas une explication profonde ? Ne serait-ce pas le manque de dialogue, de démocratie interne dans les formations politiques, de même que les brimades qui entraîneraient les discordances et les séparations, chacun se disant que mieux vaut aller créer son parti politique et être son propre chef ? L’autre raison apparente des séparations et des grognes dans les formations politiques est, à notre humble avis, le manque de promotion des militants au sein des partis politiques. Des exemples palpables existent. Les militants de certains partis politiques se font de plus en plus entendre pour se plaindre, estimant qu’il y a des militants "privilégiés" et d’autres pas. Ils se fondent sur le fait que certains camarades sont logés à l’hémicyle depuis la première législature avec comme métier : "député", comme si le parti ne se renouvelait pas et se résumait à quelques individus.

L’un dans l’autre, cela donne des motifs de mécontentements, de séparation, d’apparentement et de création de nouveaux partis politiques. Avec du recul donc, l’on se rend compte que la multiplication des partis politiques ne rend service à personne, sauf peut-être aux présidents de ces partis qui ont leurs raisons « que le peuple et la raison ignorent le plus souvent ». Il y a donc lieu de prendre la question au sérieux et de mettre en place des conditions claires de création des partis politiques. Même si cela paraîtra anti-démocratique aux yeux de certains, il y a lieu, au regard de ce qui se vit au Burkina Faso dans le mode de création, mort, réaparution, fusion et séparation des partis politiques en fonction des intérêts de certains, de se pencher sérieusement sur la question de la création des partis.

En attendant qu’un terrain d’entente soit trouvé, l’opposition devra travailler à aller vers des regroupements au lieu de disperser ses forces et accuser le plus souvent facilement, ceux d’en face de vouloir la déstabiliser. Il est sûr et certain que la démocratie burkinabè gagnera plus en galon s’il y a une opposition forte, organisée, qui fait des propositions convaincantes aux populations à même d’inquiéter le camp d’en face. Les regroupements pourraient commencer déjà par les groupes de partis politiques qui disent partager, plus ou moins, les mêmes idéologies. Et Dieu seul sait combien le Faso en compte ! De fait, ce serait enfantin de croire que c’est le parti au pouvoir qui viendra organiser l’opposition. Si le parti au pouvoir peut diviser l’opposition de façon démocratique pour être tranquille, il le fera et c’est de bonne guerre.

A l’opposition aussi de diviser le parti au pouvoir par la même arme pour parvenir au pouvoir si elle peut ! Mais, de grâce, il est temps que l’opposition burkinabè quitte le schéma des oppositions africaines où à l’approche de chaque élection, il est impossible de s’entendre sur le minimum pour désigner un à deux candidats sérieux. Le cas du Cameroun où l’élection présidentielle s’est déroulée, le dimanche 9 octobre 2011 est là pour en attester. Vingt-deux prétendants, dont la plupart sont des « charlatans », face à un candidat président ! A-t-on besoin d’être magicien ou voyant pour savoir que l’échec du camp adverse est inévitable dans ces conditions ? Inutile donc de se lamenter et de crier au scandale, car les perdants auront été leur propre bourreau.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Sidwaya



13/10/2011
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