Abououoba

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Tombe de Thomas Sankara

Forfait de la nature ? Acte de vandalisme ou crime politique ?

Le 4 août ne rentre plus dans le calendrier national des célébrations et des commémorations. Mais dans la réalité, ce qui s’est passé ce jour du 4 août 1983 s’est détaché des calendriers devant un élément : l’intemporel est sans espace. Pour dire, que malgré toutes les stratégies et tentatives de négation, de reniement et d’effacement, le 4 Août et sa révolution demeurent, enchantent et font objet de nostalgie pour les uns et de regrets pour les autres. Si les Français, les Américains, les Russes et autres n’oublient leur passé révolutionnaire marqué par des sacrifices énormes, il en est également des Burkinabè. Si le Burkina Faso, nom pensé par les hommes d’Août 1983 traverse le temps, les événements qui l’ont sécrété en feront autant quoi qu’on fasse. Quoi qu’on fasse parce que…

Il restait quelques jours pour l’anniversaire de la proclamation de la Révolution d’Août 1983 au Burkina Faso. C’est en ce moment qu’on constate une destruction partielle de la tombe de Sankara : l’épitaphe a été notamment endommagée. Les causes ou les responsables restent à déterminer. Qu’est-ce qui ou qui est-ce qui a pu bien produire ces dégâts qui offrent à la tombe du président du Conseil National de la Révolution, un spectacle de ruines ?

Est-ce du fait de la nature ? La tombe aurait-elle subit le coup d’un matériau ou d’un phénomène naturel quelconque ?

Est-ce le forfait d’individus à la solde du mysticisme ou en quête d’argent facile (la ferraille est prisée au point que certains détruisent des ponts pour en extraire !)

Ou est-ce un acte de vandalisme délibérément perpétré par des individus sans scrupule et qui n’ont aucun respect pour les morts ? Dans ce cas, auraient-ils agi de leur propre chef ou à la solde de commanditaires tapis dans l’ombre ?

Ces questions restent pour le moment sans réponses. C’est toute une énigme. Enigme à l’image même des circonstances qui ont occasionné la fin tragique de la révolution le 15 octobre 1987. Ce sinistre sur la tombe du président Sankara est intervenu à la veille de la commémoration du 4 Août, date anniversaire de l’avènement de la révolution d’août et dans un contexte où le dossier de l’assassinat de Sankara refait surface avec notamment la procédure d’enquête parlementaire introduite au Parlement français par des députés de l’opposition burkinabé. Il est aussi question actuellement de reformes politiques dont les principaux enjeux se situent au niveau de la perpétuation du pouvoir-le règne à vie, la patrimonialisation et la monarchisation- avec la modification de l’article 37 ou à défaut de l’amnistie pour le ou les bourreaux du président Sankara. Faut-il alors y voir un acte de cause à effet ? D’aucuns n’hésitent pas en effet à parler de crime politique. Mais quoi qu’il en soit, les uns et les autres doivent se rendre compte que Sankara vit dans les esprits et les cœurs de ses compatriotes et des progressistes de la terre qui ont été séduits par le patriotisme et la vision de l’homme. La foule immense ou tout simplement les groupes de personnes qui effectuent souvent le pèlerinage au cimetière de Dagnoen savent que ce n’est ni la " beauté " de la tombe du Président assassiné ou la splendeur du cimetière qui les y attire. Ils y vont parce qu’y gît une illustre personnalité qui a été utile à son pays le Burkina Faso, à l’Afrique et …à toute l’humanité.

Quel qu’il en soit, le spectacle désolant qu’offre la tombe du président Sankara à Dagnoen pose la problématique de la gestion des cimetières dans notre pays. Au regard de ce que les cimetières représentent dans notre société, doivent-ils être ainsi abandonnés sans un minimum de sécurité ? Un cimetière comme celui de Dagnoen où reposent des martyres ou tout au moins un ancien président du Burkina doit-il avoir un tel sort ? Question à tout…mortel !

Par B.N



15/08/2011
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