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SITUATION DE LA NATION : Les trois Burkina de Luc Adolphe Tiao vendredi 14 octobre 2011

SITUATION DE LA NATION : Les trois Burkina de Luc Adolphe Tiao

vendredi 14 octobre 2011


Attendu depuis le premier trimestre de l’année 2011, le Premier ministre Tertius Zongo n’a pu faire le point sur la situation de la Nation avant de partir. C’est finalement hier, 13 octobre 2011, que le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, qui a débarqué de l’ambassade du Burkina à Paris pour "gérer" la situation nationale, s’est présenté devant les députés pour le discours sur l’état de la Nation. Luc Adolphe Tiao, qui a pour son premier exercice, a passé au peigne fin les différents aspects de la vie nationale.Publicité

 

De l’économie au sport en passant par la question de l’emploi, l’éducation, la santé, la sécurité et d’autres domaines comme les secteurs routier et sécuritaire, sans oublier la crise qui a fortement secoué le pays, le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, a peint un "beau tableau qui ne saurait cacher la déception des Burkinabè face à la mal gouvernance persistante". Il a invité les Burkinabè à s’inspirer de leur passé pour construire le Burkina de demain.

Deux heures et demie. C’est le temps mis par le Premier ministre Luc Adolphe Tiao pour faire devant l’Assemblée nationale, le point sur la situation nationale. Cet exercice du Premier ministre est une exigence de la Constitution. Initialement prévue pour le début de l’année 2011, cette rencontre entre le chef de l’Exécutif et les élus du peuple, hier 13 octobre 2011, a été l’occasion pour Luc Adolphe Tiao de passer en revue les grands axes de la vie nationale où des efforts ont été faits et restent encore à consentir mais il n’a pas manqué de féliciter ceux qui le méritaient.

La crise militaro-politico-sociale a été le grand axe du discours et s’est même invité sur certains terrains, car y ayant fortement influé. Pour le Premier ministre, c’est une crise qui a troublé la quiétude sociale et ébranlé les institutions républicaines et les certitudes des Burkinabè. Son impact sur la vie nationale a été tel qu’elle a "dangereusement remis en cause l’autorité de l’Etat". Pour lui, malgré la violence des manifestations des jeunes, les mutineries des militaires et des policiers ont été le fait marquant de la crise. Il s’est insurgé contre les hommes sans foi, sans morale et sans loi qui ont porté atteinte à l’intimité des femmes. Au cours de cette crise, des vies ont été perdues et le Premier ministre, pendant son discours, n’a pas manqué de saluer leur mémoire. Si le Premier ministre reconnaît la gravité de la crise, il s’interroge encore, avec le président du Faso, sur ce qui a pu motiver l’armée nationale burkinabè à "sombrer dans cette dérive".

308 autres militaires arrêtés

Les efforts consentis par le gouvernement ont permis de mettre hors d’état de nuire ceux qui se "comportaient comme des bandits" à Bobo-Dioulasso. Après la radiation des 566 soldats de l’armée, souligne le Premier ministre, "308 autres ont été reconnus comme meneurs, arrêtés et détenus en prison", et l’enquête se poursuit. Dans un ton ferme, Luc Adolphe Tiao s’est exclamé : "Dorénavant, et cela doit être compris par tous, l’Etat assumera fermement ses responsabilités vis-à-vis de ceux dont l’inclinaison est d’oeuvrer à l’insécurité".

Des mises en garde

Quant à l’origine de la crise en milieu scolaire avec le décès de l’élève Justin Zongo, le Premier ministre a fait connaître à l’Assemblée que le dossier faisait partie des engagements de son gouvernement et a félicité les magistrats pour les efforts consentis dans cette affaire jusqu’à son dénouement judiciaire. Il a profité pour faire un clin d’oeil à "tous les agents dépositaires d’une parcelle de l’autorité." "Le gouvernement n’accordera aucune tolérance à tout agent public qui se rend coupable d’abus de pouvoir". Sur le plan des réformes en cours, le Premier ministre dit avoir regretté l’absence de certains regroupements politiques ou sociaux mais, confie-t-il, "nous allons continuer le processus".

Dans le domaine social et économique, le Premier ministre souligne que la crise du premier semestre de l’année a "mis en lumière le désarroi des populations face à la vie chère". Les mesures ont été prises avec les partenaires et elles tendent à réduire le coût de la vie et un réaménagement budgétaire a été fait. Pour l’ensemble, Luc Adolphe Tiao a fait remarquer que les mesures ont permis d’apporter des réponses immédiates aux problèmes urgents et d’apaiser le climat social. D’autres grandes réformes sont en cours et seront explicitées lors de la déclaration de politique générale. Sur le plan agricole, la saison dans son ensemble s’est installée tardivement. Ce qui pourrait conduire à des déficits dans certaines zones agricoles.

Le Premier ministre a invité les paysans à privilégier les espèces adaptées. Il invite tous les Burkinabè au travail afin de ne pas faire le jeu des spéculateurs. Quant à l’administration du territoire, Luc Adolphe Tiao annonce de nouveaux découpages dans le souci d’une organisation rationnelle. Dans le domaine de la lutte contre l’insécurité, les efforts du gouvernement se porteront sur la sécurité transversale, a souligné l’hôte de l’Assemblée nationale. L’économie burkinabè a connu des performances appréciables en 2010 avec un taux de croissance du PIB de 7,9% contre 3,2% en 2009, a reconnu le Premier ministre, qui annonce l’amélioration notable du recouvrement des ressources intérieures afin de tendre vers la norme communautaire de 17% du PIB.

L’adoption du code des investissements, l’organisation de la foire régionale des Hauts-Bassins sont autant d’efforts consentis vers une économie plus performante. Le rendement dans les sociétés d’Etat préoccupent le gouvernement et son chef. Elles ont versé des dividendes, pour l’exercice 2010, d’une somme de 8,84 milliards de F CFA. Les sociétés minières occupent aussi une place dans le développement du pays et leur contribution demeure importante. Les conditions sont en train d’être mises en oeuvre pour une exploitation minière judicieuse. Les cadres sont entre autres, la déclaration de politique minière, le guide de l’investisseur minier et le code minier.

Les tares de l’Administration

Dans le secteur sanitaire, les perspectives concernent la poursuite de la construction des CHR de Ouahigouya, Tenkodogo, Manga et Ziniaré. Une mention spéciale a été faite aux travailleurs de ce secteur vital, mais un coup de gueule a aussi été lancé par le Premier ministre à l’endroit de "ceux qui ternissent l’image du corps". La femme et la famille préoccupent également le gouvernement dont le chef entend oeuvrer à son bien-être. Les efforts seront poursuivis pour la réalisation des infrastructures scolaires afin d’amener le taux de scolarisation encore plus haut et un relèvement à la hausse de la qualité et du nombre des enseignants, a signifié le Premier ministre. Au niveau du sport, le Premier ministre a salué la victoire des Etalons cadets lors de la CAN des cadets en football.

Ce qui n’a pas manqué de faire sourire le ministre des Sports, Yacouba Ouédraogo. Le rayonnement international du Burkina sera toujours maintenu avec le chef de l’Etat en tête, lui qu’il considère comme un féru de la recherche de la paix. Des excuses ont été présentées aux partenaires "pour les exactions dont certains ont pu être victimes". En termes de perspectives, le Premier ministre a relevé les tares de l’Administration : la mauvaise gestion des deniers publics, la corruption, le gaspillage, les abandons de poste, l’absentéisme chronique et il s’est engagé avec son gouvernement à "faire les corrections nécessaires pour redonner au Burkina les valeurs qui sous-tendent son nom".

Les Burkinabè sont laborieux, généreux lorsqu’il s’agit de construire une Nation et restent fondamentalement attachés aux valeurs de justice et d’équité, a fait remarquer Luc Adolphe Tiao. Il a saisi l’occasion pour signifier aux députés que ce qui est en jeu reste le Burkina post-cinquantenaire qui doit s’inspirer du Burkina d’hier pour construire "le Burkina d’aujourd’hui qui se décline en pardon, concorde et des élans inclusifs" : les trois Burkina du Premier ministre. Il a terminé en ayant une pensée pour les élèves et les étudiants, en cette période de rentrée, auxquels il a souhaité une année paisible et studieuse.

Aimé NABALOUM

Le Pays



15/10/2011
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