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Sarkozy-Compoaré: Quelque chose se dessine à l’horizon

C’est connu : « les Etats n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts ». Si à cette réalité on ajoute les exigences de la realpolitik (c’est-à-dire la politique étrangère réaliste), il va sans dire que dans le choix du partenaire d’intérêt, on a besoin de tenir compte de plusieurs paramètres qui évitent de se compromettre dangereusement. Depuis l’éclatement des vents de révoltes dans les pays arabes suivi de quelques échos aux objectifs plus ou moins précis en Afrique subsaharienne, les grands du monde font très attention à leur image. Ils refusent de paraître en public avec ceux qui traînent des impuretés. Plus que par le passé, les Occidentaux posent désormais, comme condition indispensable la question du respect de la démocratie avant tout partenariat officiel avec un Etat. A défaut de pouvoir se passer de leurs intérêts dans un pays ou mettre ce pays à l’écart, ils imposent l’ordre démocratique aux moyens de frappes aériennes ou de rebellions téléguidées. Après avoir été échaudée par les critiques sur son manque d’anticipation sur la révolution tunisienne qui a été fatale au président Ben Ali, la France de Nicolas Sarkozy ne veut plus se laisser compter. Plus de couverture inconditionnelle de la France pour des dirigeants dont le bilan et les intentions sont jugés non démocratiques. Déjà, il y a des victimes confirmées. Lesquelles pourraient être rejointes par celles qui sont pour le moment sur la liste des « potentielles ». Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire se souviendra toute sa vie de ce qu’est la démocratie à loupe de la France. Pour le Guide libyen, ce serait un miracle s’il arrivait à sortir vivant des décombres occasionnés par les frappes en cours. Pourtant entre Sarkozy et Mouhamar Kadhaffi, l’idylle scellée à l’occasion de la dernière visite du leader libyen en France pouvait également avoir valeur de laisser-passer pour tous ses comportements. On le voit donc, certes pour un Etat, il n’y a que les intérêts, mais désormais à côtés des intérêts, il y a aussi la qualité du partenaire. Le partenaire doit être démocratiquement incontestable et incontesté. C’est cette nouvelle donne qui pourrait menacer d’autres dirigeants qui hier seulement, étaient des amis stratégiques des pays comme la France. Blaise Compaoré le facilitateur des conflits politiques en Afrique de l’Ouest est également celui qui a joué quelques rôles pour la libération des otages occidentaux aux mains d’AQMI. Par ailleurs, les rumeurs sur la présence à Ouagadougou des forces spéciales françaises impliquées dans la lutte contre le terrorisme n’avaient jamais été démenties. Sur la base de ces réalités, on était fondé à croire logiquement que Compaoré qui rend d’importants services aux occidentaux et particulièrement à la France pouvait compter sur leur soutien pour réaliser ses projets internes au Burkina. Mais depuis quelques temps des signes contradictoires se développent. S’ils se confirment comme tels, cela voudrait dire qu’on appliquera à « l’ami Compaoré » la logique de la realpolitik qui a déjà écarté des dirigeants du pouvoir. Il y a eu déjà ces révélations faites par le journal satirique français Le Canard Enchainé. Selon ce confrère dans sa livraison du 27 avril dernier, Sarkozy en Conseil des ministres le 20 avril à propos du Burkina a dit ceci : « Il y a le problème Compaoré. Il y a vingt-quatre ans qu’il est pouvoir. Ce n’est pas raisonnable d’aller au-delà de dix ans ». No comment ! Par la suite, il y a cette amitié que Sarkozy ne cache plus avec le nouveau président de la Côte d’Ivoire voisine du Burkina. Alassane Ouattara a obtenu la présence du président français à sa cérémonie d’investiture le samedi 21 mai dernier. Dans les sujets évoqués lors cette visite en territoire ivoirien, il y a la question de la base militaire française dans ce pays. En plus de demander le prolongement de la présence de la Force Licorne, Ouattara souhaite même la réactivation du 43e BIMA (Bataillon d’Infanterie de Marine) qui devait définitivement quitter la Côte d’Ivoire. En somme, Ouattara est disposé à accueillir les forces françaises dans son pays. Du même coup, il dame le pion à Compaoré qu’on soupçonnait d’avoir le même rôle auprès de la France. Quelqu’un est donc devenu dispensable. Au récent sommet du G8 à Deauville (France), trois chefs d’Etat d’Afrique noire ont été invités sur la base qu’ils sont issus d’élections démocratiques récentes. Doit-on comprendre que la présidentielle burkinabè tenue bien après celle de la Guinée, dont le président Condé était à Deauville, n’était pas démocratique ? Il y a des questions et des signes, qui s’ils se confirmaient, donneraient le sens de ce qui se prépare entre Sarkozy et le président burkinabè. A la veille de la présidentielle française, le président Sarkozy en route pour un deuxième mandat ne voudra pas se laisser devancer par le parti socialiste qui a déjà clairement condamné les velléités de modification de l’article 37 au Burkina. Soutenir ou lâcher ? Wait and see !

Samba Bila



15/08/2011
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