Abououoba

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Mutineries : Nous sommes fatigués !

Diantre ! Quand est-ce que tout cela prendra-t-il fin et que le Burkina Faso redevienne le pays de paix et de sécurité tant chanté à l’intérieur et à l’extérieur il n’y a pas encore longtemps ? Une question que nombre de Burkinabè, d’amis du Burkina Faso et d’observateurs se posent sans se hasarder à répondre au regard des mutineries à répétition qui ponctuent son actualité. On a la désagréable impression qu’il suffit d’un oui ou d’un non pour que des militaires prennent des armes et tirent en l’air avec l’intention malveillante de semer la panique au sein des populations et se servir à l’occasion dans des actes de vandalisme, de vol et de violence gratuite. Quelle mouche a bien pu piquer les militaires burkinabè jusque-là reconnus pour leur professionnalisme, leur patriotisme et leur courage ! Où sont allés la fierté de porter la tenue, la joie de servir sous les drapeaux ? C’est à ne rien comprendre quand les militaires en rébellion invoquent des raisons financières pour justifier leurs actes à répétition. On avait cru qu’une fois, cela pouvait s’assimiler à un coup de sang et que des négociations pouvaient faire revenir l’ordre et la discipline dans les rangs et redorer le blason terni l’instant d’une colère. Voilà pourquoi les Burkinabè avaient quelque peu pardonné leurs actes inqualifiables et leurs écarts de conduite qui mettaient en cause leur éducation à la base. Il semble que nous avons tous eu faux. Nos militaires ont-ils pris goût à la chose parce qu’ils ont été jusque-là écoutés et suivis ? Il semble que ce soit le cas et pour notre plus grand malheur. Comment comprendre autrement que depuis quatre mois ils nous imposent leur force brutale malgré les efforts de l’Etat pour satisfaire leurs revendications dont nous sommes maintenant légitimement en droit de douter du bien-fondé. Pourquoi éprouvent-ils du plaisir à faire souffrir leurs frères, sœurs, mères et pères avec ces bruits assourdissants d’armes de guerre, ces vols, ces pillages, ces bastonnades, ces humiliations, ces viols ? Pourquoi tant de crimes contre les populations qu’ils sont censés défendre et contre leur pays dont ils doivent défendre l’intégrité territoriale ? Sans nul doute qu’ils ne se posent pas ces questions, sinon il y a longtemps qu’ils seraient revenus à un minimum d’humanisme. Il s’agit bien d’humanisme car comment expliquer autrement qu’ils cherchent à traumatiser des citoyens aux mains nues pour des intérêts uniquement pécuniaires ces messieurs. Assurément, ils ne sont dans notre Armée que pour l’argent. L’honneur, la dignité, la patrie et la loyauté ont vraisemblablement foutu le camp chez certains militaires et l’avenir s’annonce sous de mauvais auspices si rien n’est fait pour mettre un terme à la dérive. Ce n’est pas faire un mauvais procès à nos militaires que de penser qu’ils vont pourrir notre avenir et nos vies et que nous n’en avons pas fini d’en baver. En effet rien, absolument rien ne nous garantit qu’ils seront satisfaits un jour de leurs conditions de vie. En poussant la réflexion on peut même les imaginer faisant le coup de feu pour piller chaque fois que « le mois sera loin ou difficile ». C’est tout dire. Nous espérons fortement avoir tort mais avec ce qui s’est passé les 29 et 30 mai derniers dans certaines villes nous avons des raisons d’être pessimistes. Voilà pourquoi nous préférons dire ce que nous avons sur le cœur et rompre avec le silence coupable et irresponsable de certaines ONG, de certains acteurs sociopolitiques pourtant prompts aux dénonciations lorsque c’est l’Etat qui prête le flanc ; de l’immense majorité des militaires qui se démarquent des actes de vandalisme et pourtant ne disent rien ; et de la majorité silencieuse des citoyens qui préfère se terrer. En fait il faut le dire « trop c’est trop ! Et basta ! ». Il y a-t-il des militaires intègres dans ce pays ? C’est la question qu’il faut se poser. N’ont-ils pas le devoir de s’élever contre ceux d’entre les militaires qui ont la gâchette aussi facile qu’ils sont alertes à s’asseoir sur leur honneur ? Et la hiérarchie dans tout çà ; n’a-t-elle pas encore pris les choses en main ? N’est-ce pas l’occasion pour elle de marquer le terrain et de définir les lignes rouges à ne plus franchir ? Et l’Etat censé nous protéger que fait-il ? En l’occurrence, cet Etat doit assumer pleinement ses devoirs de protection des populations fût-ce contre des éléments dégénérés de sa propre armée. Il est temps, nous semble-t-il, de sévir contre tous ceux qui n’ont aucune pitié pour nos populations, les traumatisent et volent leurs biens ; qui n’ont aucun respect pour notre pays qu’ils transforment en pays craint et évité par les investisseurs et nos amis ; qui n’ont aucun égard pour la tenue qu’ils portent. Il faut rétablir la discipline dans les casernes par tous les moyens. Notre pays ne peut pas continuer à être l’otage de gangs au sein de notre Armée. Cette Armée n’y a d’ailleurs aucun intérêt puisque non seulement elle perd l’estime du peuple mais aussi la confiance de la communauté internationale qui lui fait appel pour des missions de maintien de la paix. Qui va oser appeler des militaires potentiellement indisciplinés et peu regardants sur les notions de loyauté et d’honneur ? Personne ! En attendant, nos mutins doivent comprendre une fois pour toute : Nous sommes fatigués ! Cheick Ahmed (ilingani2000@yahoo.fr) L’Opinion


28/07/2011
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