Abououoba

Abououoba

Mourir président, le rêve !

Mourir président, le rêve !

lundi 12 novembre 2012

 

Trente ans au pouvoir, c’est bon mais c’est pas arrivé ! Surtout lorsqu’on a encore bon pied bon œil pour... commencer enfin ce qu’on n’a jamais pu terminer depuis le temps. La faute aux autres : la conjoncture, le Programme d’ajustement structurel, les ennemis et les pilleurs de l’économie nationale, la démocratie-là qui prétend empêcher d’honnêtes dirigeants de régner en paix...

Le mardi 6 novembre dernier, Popaul a soufflé ses trente bougies de bail au palais d’Etoudi. Magistrat suprême du Cameroun depuis le 6 novembre 1982 où on le prenait volontiers pour un petit timide qui ferait long feu, il ne compte d’ailleurs plus s’arrêter en si bon règne. Lui aura réussi là où certains ont échoué, en faisant sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats présidentiels en 2008. Voie royale pour bénéficier d’un sixième mandat en 2011, qui devrait le conduire à 2016, la durée de la location au palais d’Etoudi ayant finalement été ramenée de sept à cinq ans en avril 2008.

En sablant le champagne de son pouvoir trentenaire, le chef de l’Etat camerounais devrait donc rire sous cape face au spectacle de ses pairs devenus de beaux diables dans le bénitier de « Touche pas à ma Constitution ». Comme au... « pays des Hommes intègres » où, le 15 octobre dernier, on a gentiment rappelé à l’enfant terrible de Ziniaré - mais pas trop - que « ça fait déjà 26 ans » ! Avec bien évidemment une projection sur 2015 de tous les fantasmes et de toutes les stratégies. Docteur Honoré regarde sans doute toute cette agitation avec un certain amusement, lui qui a d’autres « Aqmi » à mater, si possible sans faire la guerre. En 2015, on aura toujours le temps de voir, on sera enfin en phase avec la vérité du moment, en face de la réalité du terrain. En attendant, là, maintenant, tout de suite, et loin des guerres négociées et des négociations de paix, l’Afrique peut encore compter ses présidents trentenaires.

Tiens, Teodoro Obiang Nguema de la Guinée équatoriale par exemple. Arrivé au pouvoir au détour du coup d’Etat du 3 août 1979, il revendique déjà plus de 33 ans de règne. Et pas question pour lui de « dégager » puisqu’on ne change pas un capitaine qui gagne le jackpot des pétrodollars. D’ailleurs, en plus de détenir la médaille d’or de doyen des chefs d’Etat africains en poste, il n’est pas le seul à étrenner sa longévité au pouvoir. José Eduardo dos Santos de la République d’Angola, au pouvoir depuis le 20 septembre 1979, arrive deuxième position de ce hit-parade des présidents trentenaires et détient la médaille d’argent de la longévité politique sur le continent. Et puis il y a Bob Mugabe du Zimbabwe, aux affaires depuis 1980, d’abord comme Premier ministre, et ensuite comme chef de l’Etat.

En plus de sa médaille de bronze de la longévité politique, il porte également le brassard de « seul chef d’Etat à être au pouvoir depuis l’indépendance de son pays », en 1980. Les putschs, révolutions et autres complots ont dévissé les autres de leurs fauteuils adorés, à moins qu’ils ne soient morts de leur belle mort.

On comprend donc que les Africains regardent désormais avec insistance du côté des « plus de 20 ans », ces cinq chefs d’Etat africains qui contiennent encore tant bien que mal la bourrasque et retardent l’échéance du départ. Le rêve, ça serait de ne pas partir. Mourir président, c’est pas si mal au final. Côté exemple, on n’a que l’embarras du choix. Félix Houphouët-Boigny ? Gnassingbé Eyadéma ? Omar Bongo Ondimba ? Ou Kadhafi-roi-d’Afrique, révolutionnaire vert envoyé ad patres par une ravageuse révolution-rébellion rouge ?

Journal du jeudi




12/11/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 3 autres membres