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Lucky Luc et les comptes troués du Faso : Paieront, paieront pas ?

Lucky Luc et les comptes troués du Faso : Paieront, paieront pas ?

lundi 12 novembre 2012

 

La corruption et la mal-gouvernance ont la peau dure au Burkina. Ni les remorques de rapports, encore moins les dénonciations, ne semblent pouvoir venir à bout du phénomène. A l’image de ces dossiers qui attendent encore et toujours d’être élucidés. Entre le discours débridé et la réalité des faits, Lucky Luc a toujours du mal à trouver la bonne formule. Ses bouts de phrase passent de moins en moins au sein d’une opinion de plus en plus dubitative à son sujet.

Lucky Luc et les comptes troués du Faso : Paieront, paieront pas ?

Deux semaines ! C’est le délai donné à l’ASCE par Lucky Luc pour lui faire le point complet et sans détour de tous les dossiers en souffrance à son niveau. Une opération casier vide ? L’expression n’est pas dite, même si ça y ressemble.

Deux semaines pour actualiser la liste des (présumés) plumeurs de pigeons de la république. Car le temps presse. Et l’opinion nationale perd patience.

Dans les rues, le bilan du chef du gouvernement en matière de moralisation de la vie publique a de moins en moins les faveurs des citoyens. Nombreux sont les Burkinabè qui disent toujours attendre les résultats concrets des mesures de promotion et d’incitation à la bonne gouvernance. Certes, l’équipe Tiao a passé avec succès le cap de la crise politique et sociale de l’année 2011. Reste à présent à consolider ces acquis à travers des mesures fortes sur le plan de la gestion. Et c’est à ce niveau que ça coince sérieusement. A l’image du dossier Guiro qui, à l’évidence, n’est plus sous les feux des projecteurs, si l’on en juge par les attitudes des différentes parties dans cette affaire. Plus aucune communication sérieuse au sujet de l’affaire, rien qui démontre que la vérité va éclater.

Arrêté et limogé avec fracas de son poste de Directeur général des Douanes du Burkina, incarcéré puis libéré pour des motifs sanitaires selon les autorités, l’homme dit n’avoir pourtant rien à se reprocher au sujet des deux milliards de francs CFA trouvés en sa possession. Mieux, aux dernières nouvelles, il ressort que Guiro est en course pour briguer un mandat électif sans que les charges qui pèsent sur lui n’aient été clarifiées ou levées !

L’homme de la rue, lui, n’en croit pas ses oreilles : « Quoi ? », « Ce n’est pas vrai », « Incroyable », peut-on entendre ici ou là de la part de personnes manifestement surprises et choquées, quand d’autres estiment simplement « qu’il n’y a rien de surprenant à cela », parce que « c’est comme ça que le pays fonctionne ».

Les histoires de cantines de sous sont désormais courantes dans le pays. Cinq milliards de francs CFA disparus des caisses du MENA, 268 millions de francs CFA à l’ex-MESSRS, 200 millions au Trésor... Bref, que de dossiers épicés dans un Faso dont on dit qu’il n’aurait pas les moyens de relever les salaires des travailleurs d’au moins 25% !

Sur son site, l’ANEP, une association qui œuvre dans le domaine de l’amélioration des conditions de vie des enseignants du primaire, reprend ainsi une information récemment livrée en conseil des ministres. On peut y lire notamment : « Le Secrétaire général du gouvernement et du conseil des ministres a fait au conseil une communication relative à l’exploitation de la liste des personnes mises en cause dans les rapports de l’ASCE de 2008 à 2011 ».

Autre sujet abordé : « Le rapport fait ressortir un montant total en cause de cinq milliards huit cent sept millions deux cent quatre vingt douze mille huit cent soixante un (5 807 292 861) francs CFA concernant 340 personnes citées. Douze dossiers d’un montant total de neuf cent cinquante-trois millions neuf cent mille six cent trente cinq (953 900 635) francs CFA ont déjà été transmis en justice. Neuf dossiers d’un montant de six cent quarante-deux millions quatre cent vingt-cinq mille trois cent soixante-quatre (642 425 364) francs CFA concernent les cas de paiements effectués par les personnes mises en cause, les cas de remises de pénalités de retard et les cas d’extinction d’actions publiques pour cause de décès ».

Enfin « les dossiers non réglés et n’ayant jusque-là pas connu de suite, d’un montant de quatre milliards deux cent huit millions huit cent quarante-huit mille quatre cent cinquante-sept (4 208 848 457) francs CFA, feront l’objet de traitement approprié dans les meilleurs délais en vue de prendre les mesures idoines au regard des responsabilités dégagées ». Le problème c’est que toutes ces révélations, aussi fracassantes soient-elles, ne connaissent guère de suite à long terme. Ce qui pose assurément la question de la crédibilité de la puissance publique dans ses dégagements à forte odeur d’argent. C’est à croire qu’en définitive le silence qui entoure parfois la publication des livres de compte arrange tout le monde. À commencer par l’Administration publique, elle qui a tant de mal à aller au bout de sa logique pour faire la preuve de sa bonne foi.

Cette situation peut s’expliquer par deux raisons. La première tient au contexte et à la personnalité des mis en cause. Parmi ceux-ci, quelques-uns ont laissé entendre qu’une partie des fonds querellés a été utilisée pour le financement des activités de leur parti politique. Un argument massue qui, dans le contexte démocratique burkinabè, peut valoir son pesant d’embarras. Surtout pour les fouineurs trop curieux. En effet, en cas de déballage forcé, des jets d’eau peuvent mouiller beaucoup de gens à l’intérieur du système. On peut donc comprendre que certains n’aient même pas attendu d’être éventuellement disculpés avant de repartir à la conquête de nouveaux postes de responsabilités. Deuxième raison, du côté de la justice, rien de nouveau sous le soleil ! Les prises de position y sont plutôt rares.

Et lorsqu’elles apparaissent enfin, elles sont mesurées, timides, inconfortables. Et pour cause, « les gens ont des carrières à défendre », dit-on. Le formalisme excessif, les lourdeurs procédurières, les mécanismes de déclenchement des poursuites particulièrement inopérants et le suivi difficile des dossiers finissent par se perdre dans le labyrinthe d’une administration trop politisée. Dans ces conditions, que peut bien valoir le coup de semonce d’un “PM” candidat ?

A. Traoré

Journal du jeudi




12/11/2012
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