Abououoba

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Lettre à Norbert Zongo 1

Cher H.S.

Le Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) continue ses travaux après l’installation de ses membres par le Premier ministre Luc Adolphe Tiao. L’article 37 fait partie des débats. C’est ce que le président du CCRP, le ministre d’Etat, Arsène Bongnessan Yé a fait savoir au cours d’un point de presse. On a passé du temps à tourner autour du pot et maintenant la vérité est là sous nos yeux. Quels arguments, les défenseurs de la modification de l’article 37 qui limite le nombre de mandat présidentiel vont-ils avancer ? Que Blaise Compaoré est une providence divine et qu’il faut remettre notre destin entre ses mains jusqu’à sa dernière heure sur cette terre ? Je ne reviendrai pas sur les arguments déjà évoqués par les théoriciens de la modification de l’article 37 bien avant l’installation du CCRP. Soyons d’actualité et intéressons nous aux propos du ministre des Affaires étrangères et de la coopération régionale, Djibril Bassolet sur la radio RFI à l’émission “Afrique presse”. Un de tes confrères a retranscris les propos du ministre qui donne à réfléchir entre les lignes. Je vais te citer quelques passages. En ce qui concerne la longue durée au pouvoir de Blaise Compaoré, le ministre a déclaré qu’« il est vrai que depuis 1987, un certain nombre de jeunes burkinabè n’ont connu que Blaise Compaoré. Et il apparaît comme s’il appartenait à l’éternité. Donc, il est évident que la longue durée au pouvoir peut créer un certain sentiment, que les problèmes viennent justement du pouvoir qui n’a que trop duré. On ne voit pas souvent les bienfaits et les progrès que ce pouvoir a pu faire pour le pays ». Pour magnifier les actions du chef de l’Etat, son ministre chargé des Affaires étrangères ajoute que : « au niveau des progrès économiques et sociaux, il est indéniable que le progrès a été multiplié par 10 quand on considère le rythme d’où le Burkina est venu. Vous connaissez le Burkina. Ce n’est pas un pays aux immenses ressources. Le travail accompli par M. Blaise Compaoré est un travail phénoménal ». Si phénoménal est ce travail, le régime a failli basculer suite aux manifestations des élèves et militaires et connu l’une des crises sociales qui resteront dans les annales de l’histoire du pays.

Revenons aux travaux du CCRP. Son président a fait savoir qu’il n’ y aura pas de vote et que seuls les points consensuels seront appliqués et les points qui feront l’objet de désaccord seront mentionnés dans le rapport de synthèse du CCRP. Toujours selon Bongnessan Yé, ces points non consensuels seront tranchés par les assises nationales. Quelle forme va prendre ces assises ? Pour le moment, on n’en sait pas grand-chose. Mais à supposer qu’au cours de ces assises les divergences sont toujours présentes par exemple sur la modification de l’article 37. Que va-t-il se passer ? Au moins deux solutions se présentent. Soit on applique la loi de la majorité, c’est-à-dire par vote. Soit on se retourne vers l’initiateur des réformes politiques et institutionnelles pour trancher comme l’avait prévu le premier schéma du processus des réformes politiques avant d’être révisé. Dans les deux cas, le régime en place peut faire tourner la balance en sa faveur. C’est pourquoi, le CCRP est pour moi un marché de dupe. Le Burkina Faso a plus d’urgence que des réformes politiques et institutionnelles. Je suis d’avis avec Ablassé Ouédraogo, ce fonctionnaire international et ancien ministre des Affaires étrangères qui a dit que le plus urgent c’est de prendre des mesures pour lutter contre la pauvreté. Cette pauvreté qu’une enquête nationale sur les conditions de vie des ménages en 2009 a mise en exergue. Tu te rappelles certainement encore cette enquête que le gouvernement avait lancée en 2009 car disait-il, pour mieux combattre la pauvreté, il faut la quantifier. A l’époque, certains de tes confrères se demandaient ce qu’une enquête sur les ménages pouvait apporter de nouveau tant la pauvreté est visible à l’œil nu. Il n’ y a plus rien à chercher sinon que de mener des politiques adéquates pour faire sortir les populations de leur misère.

Selon donc des résultats provisoires de cette enquête révélés la semaine dernière, 3,9% des ménages burkinabè vivent en dessous du seuil de pauvreté estimé à 108 454 F CFA par an. 68,1% des ménages de la région Nord du pays vivent en dessous du seuil de pauvreté. Cette région est suivie des régions de l’Est et de la Boucle du Mouhoun respectivement avec 62,2% et 56% des ménages dont les patrimoines annuels n’atteignent pas 108 454 F CFA. Pour revenir à notre compatriote, Ablassé Ouédraogo, sache qu’il prépare la création d’un parti politique dans les semaines à venir. Il l’a fait savoir au cours d’une conférence de presse. Pour le moment, lui et des amis ont initié un mouvement dénommé « Le Faso autrement ». Ils entendent avec ce mouvement organiser un dialogue national pour recueillir les préoccupations des Burkinabè et des propositions de solutions. Ils feront leurs ces propositions qu’ils tenteront de mettre en œuvre en créant un parti politique. La démarche en tout cas diffère fort bien de ce qu’on voit jusqu’à présent. En effet, ce parti politique ne sera pas créé autour d’une idéologie des fondateurs mais des propositions émises par des Burkinabè. Cette démarche de Ablassé Ouédraogo et de ses camarades a des similitudes avec celle de Zéphirin Diabré. On organise des concertations autour de concepts avant de former un parti politique. Pourra-t-il redonner le goût de la politique aux Burkinabè désabusés par les partis politiques qui se comptent en centaine ? L’avenir nous le dira !m

Par ton ami Kouma Fola Kan de Bendré.



15/08/2011
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