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Forces Armées nationales : Le Blaiso a-t-il peur pour sa Pô ?!

Forces Armées nationales : Le Blaiso a-t-il peur pour sa Pô ?!

vendredi 7 octobre 2011






Le très Honoré chef d’état-major général des Armées a beau justifier la délocalisation, au palais de Kosyam, de la sortie des élèves officiers d’active de l’Académie militaire Georges-Namoano (AMGN) de Pô par des « travaux d’extension des locaux de l’Académie », cela n’intrigue pas moins. On peut encore s’imaginer que le président-sinistre de la Défonce ait un calendrier chargé, mais de là à déménager, même provisoirement, l’AMGN à Simonville, il y a un pas... bloqué qu’on a franchi. Le Blaiso national avait-il peur de mettre les pieds à Pô comme à son habitude ? Que cache cette délocalisation qui fait déjà couler encre et salive (sur le papier et sur la toile de Wikileaks) ?

C’est vrai que les 33 élèves officiers, on peut les transporter partout pour leur cérémonie de sortie qui, pour le moins, reste purement symbolique. Mais ne touche-t-on pas à une autre symbolique de la même Armée burkinabè en délocalisant cette cérémonie qui a lieu habituellement à Pô ? Pourquoi le Chef d’état-major général des Armées n’a pas pris le soin de rendre publiques les raisons de ce changement de lieu et a attendu de les dévoiler dans son discours d’accueil des impétrants ? Pourquoi convoyer les impétrants jusqu’au palais de Kosyam ?

Ce sont là autant de questions qui ramènent à la même interrogation. N’est-ce pas le grand sachem lui-même qui ne voulait pas faire le déplacement de Pô cette année ? Tout porte à le croire. Les stigmates des mutineries qui ont secoué la ville mythique sont encore visibles dans les casernes, mais aussi et surtout sur le visage des soldats. Après la fatwa de radiation de plus de 500 militaires, il n’est pas facile à un chef suprême de l’Armée qui cumule de surcroît le portefeuille de ministre de la Défense et des anciens Combattants de croiser le regard de certains de ses hommes.

On le sait désormais, le Blaiso national n’aime pas les situations qui le mettent dans l’embarras. Il ne s’est visiblement pas encore remis des coups d’éclat d’une Armée qu’il croyait avoir maîtrisée jusque-là. Les événements d’avril et mai l’ont réveillé de son profond sommeil et certainement aussi de son assurance naïve de pouvoir compter, à tout moment, sur ses « frères d’armes ». Maintenant qu’il sait que même eux peuvent le lâcher, il préfère prendre ses distances et se donner le temps de la reconquête. Du moins, si ce n’est pas trop tard.

L’air grave qu’il avait et qu’il a maintenu tout au long de la cérémonie de remise des épaulettes cachait mal sa rage mais aussi sa déception. L’homme a été profondément déçu par les mutineries et il n’a pas manqué de mots pour le dire. « A propos des événements que notre armée vient de traverser, pour le commandement, c’est facile de redresser les torts, l’indiscipline, parce que nous avons des orientations, des textes très précis. Nous avons les capacités de les endiguer et de construire toujours des forces morales plus fortes pour donner à l’armée des capacités d’être très proche de la nation, mais surtout d’être forte parce qu’elle est disciplinée », avait-il martelé devant les futurs officiers.

En attendant le retour de la discipline promise, force est de constater que le Blaiso a renoncé à son « pèlerinage » à Pô. C’est de là également qu’était parti le mouvement qui a été à l’origine de la Révolution d’août 83 dont il partage la « paternité » avec son « frère et ami » Thom Sank. Pour ces deux raisons, on pouvait penser que Pô resterait un symbole, une citadelle forte à laquelle le président resterait très attaché. Mais hélas ! Après le mythe du pouvoir militaire du Blaiso, faut-il chanter le requiem du « berceau de la Révolution » ? La délocalisation, même justifiée par des « travaux d’extension », introduit une nouvelle donne dans les sacro-saintes traditions militaires du Faso.

Toutes les cérémonies qui nécessitent sa présence effective peuvent se délocaliser désormais au palais de Kosyam. On ne sera pas étonné d’y voir organisé le défilé, le 1er novembre prochain, du 52e anniversaire de la création de l’Armée burkinabè. Déjà que le président-sinistre de la Défonce n’aimait pas beaucoup assister à cette parade.

En attendant, c’est Pô qui perd un hôte de marque cette année. Du coup, c’est aussi un rendez-vous manqué avec les dignitaires de la région qui profitaient habituellement du séjour du président pour lui glisser quelques doléances. C’est peut-être le début de la fin d’un symbole autour duquel le même pouvoir de Blaise avait fait converger la jeunesse burkinabè, en 2007, pour lui conter les héros de la Révolution. Quand le plus grand des héros a peur pour sa Pô, il ne reste plus qu’à attendre le chant du cygne.

F. Quophy

Journal du Jeudi



11/10/2011
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