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Editorial de Sidwaya : La CENI au défi…

Editorial de Sidwaya : La CENI au défi…

lundi 10 octobre 2011


L’institution la plus démocratique est la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Vérité ou caricature ? Pour nous, elle l’est ! Si pour les autres institutions, leur naissance s’est imposée par une volonté politique générée d’en haut, la CENI est le fruit d’une exigence populaire. De la CNOE (Commission nationale d’organisation des élections) à la présente structure, comme l’a montré feu le président Tapsoba dans son livre, « La CENI. L’expérience burkinabè », c’est la volonté d’avoir des élections transparentes qui a poussé la classe politique et la société civile burkinabè à exiger la création d’une Commission électorale nationale indépendante.

Certes, il y a eu des "batailles de la CENI », car à l’époque, tous les acteurs n’ont pas adhéré à sa faisabilité et à son efficacité. Aujourd’hui, rares sont les acteurs qui dénoncent son existence et la CENI fait bien partie intégrante du paysage institutionnel burkinabè.

Et cela, même si la problématique des Commissions nationales électorales indépendantes reste fortement posée… Au départ, elles ont été créées pour remédier au déficit de confiance entre les acteurs politiques et les ministères chargés de l’Intérieur ou de l’Administration auxquels incombait l’organisation des élections. Dès lors, l’idée était que si la confiance se rétablissait, les CENI devraient disparaître. Qu’en sera-t-il ? La confiance est-elle prête de revenir ou bien s’éloigne-t-elle ? Il est légitime de se demander : qu’ont vraiment apporté aux Burkinabè trois décennies d’expériences de « CENI ? » Plus de transparence ou plus d’ombre ? Plus de querelles ou plus de lucidité devant l’élection, un des actes majeurs de la démocratie ?

Il n’y a pas de doute : la CENI a provoqué, chemin faisant, à certains moments, beaucoup de doute sur sa capacité à organiser des élections vraiment transparentes. Pour le Burkinabè lambda, « le nom de la CENI n’est pas loin d’être gâté ». Elle est assimilée à l’institution où l’essence coule presqu’à flots et pour cela certains individus ou partis se battent pour y accéder.

La CENI, il faut le dire aussi, c’est la mauvaise conscience d’une jeune démocratie qui doit toujours tendre la sébile aux bailleurs de la démocratie mondiale pour acquérir ceci ou cela. Ainsi, des urnes ont voyagé d’un pays à l’autre, montrant l’extrême précarité de la démocratie. Car, que vaut une démocratie dont les acteurs ne peuvent même pas acheter les urnes qui leur servent à s’exprimer démocratiquement ? Que dire de l’éternel problème des pièces qui doivent servir à voter ? La volonté nationale burkinabè d’organiser des élections transparentes a souvent balbutié.

Vingt ans après les premières élections pluralistes, n’est-il pas temps de prendre position clairement sur notre volonté, en tant qu’Etat, de se préparer en une année, pour disposer de données fiables pour l’organisation d’une élection digne de ce nom acceptée par tous ? L’identification de l’électeur, entre autres, en est une composante. Les bureaux de vote, autres sources de soupçons, même si parfois, ils sont pris en otage, non par des individus, loin de là, mais par la passion qui accompagne les élections, doivent faire partie des schémas d’organisation d’une élection fiable. Car, un jour de vote au Burkina est un jour de tumulte, de ferveur, de cris, d’injures, de règlements de compte.

Que dire de cette tendance maladive d’une partie du corps social à accuser leur vis-à-vis de non- transparence et de mauvaise foi, en cas d’échec, même quand ils ont participé à l’effort commun et devraient assumer les résultats, bons ou mauvais ?

Il n’empêche, de la CNOE à la CENI, la chose la plus évidente que les Burkinabè ont comprise, c’est que la transparence est plus une affaire d’homme et de conviction, qu’un problème de structure et de financement. Les institutions internationales financent nos élections, elles ne financent pas notre intégrité ou notre volonté de préserver la paix de notre pays. Il nous appartient, par nos comportements, de savoir perdre ou de savoir gagner. Il est vrai qu’en Afrique, rares sont les dirigeants qui savent renoncer à des postes très importants pour préserver le bien public.

Au Burkina Faso, la nouvelle équipe de la CENI, tirant sans doute les leçons du passé, se signale par une volonté de transparence exceptionnelle. Elle recherche l’efficacité par l’usage de la biométrie. « Il est aujourd’hui établi, a dit récemment le Président Kéré au Premier ministre, qu’un système des données biométriques des électeurs recensés, assurant une garantie absolue de dé-doublonnage systématique, l’édition et la publication d’une liste électorale modernisée et approuvée par toute la classe politique et par les autres acteurs du processus, représentent les bases d’un système électoral plus crédible ». Les élections couplées qui pourraient avoir lieu vers la fin de l’année 2012 s’annoncent donc avec 23 071 840 000 de francs CFA au titre de l’impact budgétaire de la biométrie.

Comme quoi, la transparence a un prix ! Mais les Burkinabè sauront donner à leur paix sociale et à la convivialité qui leur collent à la peau, le coût qui leur revient, en n’oubliant pas, toutefois, cette parole du grand Chef de Tenkodogo : « Le texte écrit ne ment pas, dit-on. Et si c’est un menteur qui l’a écrit ? » Faut-il modifier cette question pour qu’elle se rapporte à la biométrie ? En tous les cas, que ce soit sous CNOE ou sous CENI, le Burkina Faso est ce pays dans lequel les élections se sont toujours déroulées sans mort d’hommes contrairement à ce que l’on constate malheureusement ailleurs... Ce dont nous devons être fiers et travailler absolument à préserver !

Et comme dit Khalil Gibran, « nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit... »

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo)

Sidwaya




12/10/2011
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