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Concertations régionales du CCRP : À quelle fin finalement ?

Concertations régionales du CCRP : À quelle fin finalement ?

vendredi 28 octobre 2011

Les réformes politiques, au Burkina Faso, sont entrées dans une phase décisive avec la tenue des concertations régionales du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP), instrument idéal d’un retour à la paix et de promotion de la démocratie pour les uns, simple machin juste pour endormir les esprits selon les autres. Une chose est sûre, les acteurs politiques burkinabè n’ont toujours pas trouvé un terrain d’entente pour une conduite consensuelle des réformes que tous appellent pourtant de leurs vœux.

Le parti au pouvoir et ses alliés ont jeté leur va-tout dans ce CCRP pour qu’il soit le bâton magique qui redonnera au pays des Hommes intègres toute sa notoriété de pays stable, calme et paisible. De leur côté, les opposants, ou du moins ceux taxés de radicaux, disent niet aux assises du Conseil consultatif qui, à leurs yeux, ne sont qu’une ruse, une de plus du système Compaoré pour évacuer les problèmes sérieux et surtout pour gagner du temps. C’est dire qu’avec de telles positions inconciliables, les échanges des rencontres régionales feront ressurgir les vielles bagarres. On a déjà assisté à la guerre des communiqués entre le chef de file de l’opposition et ceux des partis théoriquement affiliés à lui mais qui ont décidé de prendre part aux travaux.

Au-delà des querelles politiciennes sur la légalité ou non du CCRP, l’observateur s’interroge sur ce chronogramme et le déroulement de ces concertations. L’acte I, on se rappelle, a consisté à recueillir pêle-mêle les propositions qui tenaient à cœur aux hommes politiques et aux animateurs de la société civile. Par la suite, il y a eu la tenue du Conseil qui, lui, a tenté de faire le tri entre les propositions consensuelles et celles qui ne le sont pas. Par contre, il y a un flou autour des rencontres régionales.

Alors que les slogans annoncent que ces rencontres doivent permettre de recueillir les préoccupations des régions, il est dit en même temps que cette instance n’ouvre plus de débats sur les points déjà discutés. Si elle ne devait être qu’un simple cadre d’information, elle perdrait de sa pertinence car, avec la campagne communicationnelle du gouvernement sur les travaux passés, des rencontres régionales ne pourront rien apporter en termes d’information que les participants ne sachent déjà. On attendra la synthèse de ces rencontres régionales pour mieux comprendre leur intérêt. Pour l’instant, elles compliquent la compréhension du schéma du Conseil consultatif sur les réformes politiques.

Ne pouvant faire ni proposition ni remettre en cause les points de consensus et de non-consensus arrêtés en juillet dernier, d’où vient alors la nécessité des rencontres régionales ? La même question est valable pour les assises à venir, puisqu’elles non plus ne pourront faire quoi que ce soit comme contribution aux premiers travaux. C’est cette ambiguïté qui fait craindre que le CCRP ne soit juste qu’un prétexte pour introduire des réformes sur des sujets qui fâchent comme celui de la limitation des mandats présidentiels.

Si, effectivement, à toutes ces étapes de la discussion, il est impossible de faire la moindre nouvelle proposition, la seule solution qui reste sera de trancher à travers un référendum. Mauvais procès aux travaux du Conseil consultatif ? C’est aux initiateurs de lever les doutes qui gagnent de plus en plus les Burkinabè qui avaient pourtant espéré que le refus du chef de file de l’opposition de participer aux travaux allait conduire les participants à écarter définitivement du débat la révision de l’article 37 pour montrer à Maître Sankara et à tous ceux qui doutent encore qu’ils sont passés à côté de la plaque en dissertant sur les intentions de ce CCRP.

Adam Igor

Journal du Jeudi



28/10/2011
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