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Carlos, caricaturiste au journal Gbich : « On n’évite pas les sujets politiques mais, on ne les traite pas avec passion »

Carlos, caricaturiste au journal Gbich : « On n’évite pas les sujets politiques mais, on ne les traite pas avec passion »

mardi 25 octobre 2011


A la faveur du festival international de la caricature et du dessin de presse qui s’est tenu à Ouagadougou du 18 au 21 octobre, nous avons rencontré Carlos, auteur de bandes dessinées et caricaturiste à Gbich, journal People satirique ivoirien. Dans cet entretien, il nous parle de l’expérience de Gbich, les difficultés que rencontrent les caricaturistes et revient sur la crise post-électorale qu’a connue son pays.Publicité

 

Lefaso.net : Gbich est beaucoup lu au Burkina, racontez-nous l’histoire de ce journal atypique ?

Carlos : L’histoire de ce journal est venue de l’inspiration de notre leader, M. Zohoré qui est caricaturiste et dessinateur de presse. Les dessinateurs étaient confinés dans de petits espaces dans les journaux. Les conditions salariales n’étaient pas non plus intéressantes. Mais, ce n’est pas la faute à ces éditeurs là, c’est leur ligne conductrice. Alors, M. Zohoré nous a réunis pour nous dire pourquoi ne pas se réunir pour créer un journal à nous. On aura plus d’espace et si ça marche, ça va relever notre niveau de vie. C’est ainsi que son discours est passé et en décembre 1999, on a sorti le premier numéro de Gbich. Et jusqu’aujourd’hui, l’aventure continue.

Qu’est-ce qui a fait la notoriété de Gbich ?

C’est d’abord les éléments qui l’animent. C’est aussi d’avoir su capter la société ivoirienne. Gbich est rassembleur. Des gens de n’importe quel bord le lisent. On ne s’est pas laissé instrumentaliser par la politique. On n’évite pas les sujets politiques mais on ne les traite pas avec passion. On les traite avec une certaine équité. Même à notre sein, nous venons de différents bords politiques (pro-Ouattara, pro-Bédié, pro-Gbagbo). Au journal, on transcende ces questions et on essaie de rassembler les ivoiriens. Ce qui fait qu’aujourd’hui, le journal connait un succès dans toutes les composantes de la société.

Il y a aussi la jeunesse qui nous intéresse, c’est-à-dire qu’on veut que des jeunes se reconnaissent, même des enfants de 6 ou 7 ans qui sont des lecteurs de Gbich. Ce qui fait que depuis 12 ans, nous sommes sur le marché.

Comment les caricaturistes ivoiriens, et particulièrement ceux de Gbich, ont vécu la crise post-électorale ?

Ohhh ! C’était le moment le plus difficile du journal. Depuis 1999, à aucun moment, malgré ce qui se passait avant, le coup d’Etat, le régime militaire… le journal n’avait cessé de paraître. Pendant la crise post-électorale, c’était la première fois qu’on enregistrait une semaine, deux semaines sans parution. Tellement, la situation était catastrophique. Il fallait chercher à survivre. C’est après la crise qu’on s’est réuni pour redémarrer.

Les ivoiriens n’avaient pas le temps pour rire…

Ah non, on n’avait vraiment pas le temps pour rire. C’était extrêmement tendu. Je me rappelle que lorsqu’on a repris, le premier numéro était extrêmement difficile. Pour trouver des sujets à traiter, c’était difficile. Ça risquait d’atteindre les extrêmes. Il fallait se rapprocher, discuter, peser et sous-peser les dessins et sujets à aborder. Mais, par la magie de l’inspiration et surtout de Dieu, on a pu s’en sortir finalement. Et, ça se passe bien aujourd’hui.

Il n’y a plus de crainte pour votre vie et pour vos proches ?

On ne craint plus rien. La suite est politique. On ne sait pas comment ça va se passer. Jusqu’à présent, on observe. Ce n’est pas encore l’insécurité zéro, mais les choses se normalisent peu à peu. Tout ce que nous espérons, c’est que quoi qu’il advienne, il faut que nous soyons sur le marché. C’est notre préoccupation. Il faut que nous-mêmes, nous puissions nous retrouver, discuter pour que, quelle que soit la tempête, nos différences, nos interprétations de la vie politique, nous puissions être sur le marché.

En tant que caricaturiste, pensez-vous qu’on peut rire de tout ?

Oui, on peut rire de tout, mais mettez un petit « mais » quand même. Ecrivez un gros « OUI » avec un petit « mais » à côté. Je suis pour ça. Je dis cela, parce qu’il y a des situations où lorsqu’on veut aborder certains sujets, il faut avoir un certain tact, une certaine subtilité pour le faire. Mais, ça demeure quelques fois très délicat. Quand on n’est pas sûr d’avoir cette subtilité, il vaut mieux éviter.

Propos recueillis par Moussa Diallo et Koundjoro Kambou

Lefaso.net



25/10/2011
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