Abououoba

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Attention, le CDP est en représentation

Attention, le CDP est en représentation

Salifou Sawadogo, Secrétaire national à la jeunesse du CDP, a rué dans les brancards lors de la rentrée politique de son parti, indexant certains pontes du parti (DR)

La dernière rentrée politique du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a donné lieu à une « passe d’armes » entre le président dudit parti et président de l’assemblée nationale,Roch Kaboré et le secrétaire à la jeunesse dudit parti, Salifou Sawadogo, par ailleurs ministre.

La presse a passé cet événement au peigne fin, l’a retourné sous toutes ses coutures et a livré son verdit : « incident sérieux » qui illustre à « merveille » le malaise et la lutte de positionnement à la tête du parti présidentiel. Étant donné la nature de l’événement et des protagonistes, l’argument est recevable.

A l’échelle qui est la mienne, ce qui s’est passé est une tempête dans un verre d’eau. Le CDP, une démocratie  interne ? Allons donc, cela se serait su ! Salifou Sawadogo, tout ministre qu’il est, aurait-il pu oser murmurer une once de réprobation sans une onction ? Qu’il y ait des problèmes pourquoi pas ! Mais franchement, au sein du CDP, l’heure n’est plus aux petits meurtres entre camarades. Il y a vraiment plus sérieux. Depuis la réélection en novembre 2010 de Blaise Compaoré, la donne a drastiquement changé. L’impossible est devenu réel : 2015 sera un marqueur politique important où Blaise Compaoré ne sera plus amené à concourir. Alors que faire ?

D'après "Ouaga la rumeur", Roch Kaboré a du mauvais sang à se faire, lui dont les jours sont comptés à la tête du CDP (DR)

Foin des querelles byzantines, il faut donc préparer les années qui séparent de 2015 (prochaine élection présidentielle). La question est d’importance : à l’instar des partis présidentiels comme au Niger ou au Sénégal, partis qui ont longuement exercé le pouvoir, le CDP pourra-t-il survivre à la mise hors course de son champion de président ? Ne sera-t-il qu’une coquille vide ? Ou va-t-il imploser avant cette échéance ? Car la fin du bail présidentiel de Blaise Compaoré signifie presqu’à coup sûr l’expulsion du CDP des ors de la république. Pas sûr que les bonzes et aspirants pontes soient prêts à passer à la casse « vaches maigres ». Vraiment pas sûr du tout.

Le CDP cherche à dynamiter et à rassembler le champ politique interne. La soudaine virginité octroyée à Salif Diallo, tout comme la « paix des braves » entre ce dernier et Parmanga Yonli, et entre le CDP et la FEDAP-BC (Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré), pour ne parler que des « pardons les plus significatifs » participent de cette volonté. Le retour au pays et aux affaires de Salif et de Yonli est la volonté marqué du CDP de bénéficier à temps plein de leurs capacités manœuvrières reconnues, en ces temps où les vents sont loin d’être favorables.

Sans alternative actuelle, sans solution surtout, le CDP se cherche de l’air. En l’état actuel des choses sur la question de l’article 37 (limitant à deux le nombre de mandats présidentiels), le parti est dans l’impasse. Comment faire passer la pilule du déverrouillage constitutionnel quand l’air du temps est à la bonne gouvernance, à l’alternance et surtout à l’ingérence occidental tout azimut ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que Nicolas Sarkozy a jugé très « problématique » le nombre d’années passées par Blaise Compaoré à la tête du Faso.

Les travaux du Comité consultatif pour les réformes politique (CCRP) sont là pour faire gagner du temps. Fidèle en cela à la méthode de Blaise : élaguer, éluder, enfarger, tartiner, ne pas décider, jusqu’à ce que la charge émotionnelle et l’énergie soient vidées. La méthode a beau être classique, éprouvée, éculée elle fait tomber nombre de personnes dans le panneau.

Cette prise de bec entre « camarades » n’est pas un fait politique. Tant dans sa forme que dans sa déclinaison, elle répond à une dérivation médiatique. « Lémédias » s’y sont jetés dessus et le ronge jusqu’à l’os. Le buzz autour de ce « malaise » a permis au CDP de détourner l’attention : l’esprit est occupé à commenter l’événement. Autant de temps de gagné !

 

A propos walidhicham

J'écoute. Je participe. Je retiens. Je mixe. Et remixe. Je pontifie et ne me soigne guère.Je participe. Avec mes mots. Chacun ses armes. Je communique. Sans tabou et sans sectarisme. Avec peut-être de la mauvaise foi en bandoulière. Un pays en ligne de mire : le Burkina fâché. Et les autres en fonction des vents et de l'humeur.



30/09/2011
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