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Assassinat de Michel Congo : Le mystère reste entier

Assassinat de Michel Congo : Le mystère reste entier

mardi 12 décembre 2006

La chambre criminelle de la Cour d’appel de Ouagadougou a rendu son verdict dans l’affaire dite Michel Congo (du nom de notre jeune confrère assassiné le 21 octobre 2001), samedi 10 décembre 2006. L’inculpé Saïbou Ouédraogo a été acquitté, la Cour ayant estimé qu’il n’existait pas assez d’éléments pour l’incriminer.Publicité

 

15 heures 30 minutes pour aboutir à la relaxe pure et simple de l’inculpé Saïbou Ouédraogo, voilà résumée cette audience du 10 décembre 2006, présidée par Fatimata Lori. Une journée harassante au cours de laquelle une trentaine de témoins ont défilé à la barre pour essayer d’éclairer la lanterne du tribunal, sur cet homicide qui avait défrayé la chronique en son temps, avec des hypothèses aussi sérieuses que farfelues.

C’est que Michel Congo, en dépit de son jeune âge commençait à se faire un nom dans le métier de la presse, ce qui a sans doute entraîné cette grande médiatisation.

Pour en revenir au procès, il faut dire que Saïbou Ouédraogo avait été conduit devant la Cour, parce que le magistrat instructeur avait fondé sa conviction sur le fait qu’il avait assassiné Michel Congo par jalousie. L’arrêt de renvoi souligne en effet que Michel Congo fréquentait assidûment Annick Ghislaine Zoungrana, épouse de Saïbou Ouédraogo.

Une liaison antérieure à son mariage qui a continué après celui-ci pour diverses raisons. Ayant pris connaissance de cela, l’époux jaloux aurait donc assassiné son rival. Une logique corroborée par le fait qu’il ne s’est pas rendu à l’enterrement de celui-ci, alors que son épouse le lui avait présenté comme un "ami simple" et souffrait terriblement de sa mort.

"Faux" a rétorqué l’accusé qui a mis cette attitude sur le fait qu’il ne considérait pas Michel Congocomme faisant partie de ses "intimes".

Autrement, il n’a "rien" contre lui, car il ne "savait pas" que Michel entretenait des relations intimes avec son épouse. Il le considérait comme "un promotionnaire et un ami" de sa femme et ne lui a jamais posé de questions sur leurs rapports. Je ne suis mêlé "ni de près, ni de loin" à cette affaire a-t-il dit, malgré l’interrogatoire "serré" de la présidente Lori.

Des propos que son épouse a confirmés, avouant que son époux ne s’est jamais "inquiété" de la présence de Michel Congo. C’est dire que son comportement n’a en aucune manière, contribué à cristalliser les haines avec au bout l’acte odieux du 21 octobre 2001.

Maître Kyelem tente l’impossible

Une audition au cours de laquelle, la dame Ouédraogo a complètement déchargé son mari. Aucun des témoignages n’ayant apporté du nouveau à l’affaire, les plaidoiries pouvaient commencer avec maître Appolinaire Kyelem de la partie civile. Lequel viendra confirmer l’adage selon lequel "les causes perdues subliment les avocats". Pour maître Kyelem, si aucune pièce à conviction n’existe pour établir la culpabilité de Saïbou, la preuve de la culpabilité réside justement dans l’inexistence de ces preuves matérielles.

Le processus ayant abouti à l’assassinat de Michel Congo a été froidement planifié et l’auteur, Saïbou a eu tout le temps pour faire disparaître d’éventuelles pièces à conviction entre le jour de l’assassinat et celui de son arrestation intervenue en 2003. Après un cours magistral sur le régime de la preuve en matière civile et pénale, Maître Kyelem a indiqué que Saïbou Ouédraogo était celui qui haïssait MichelCongo au point de l’assassiner.

Car, "il savait bien" que son épouse entretenait des "relations coupables" avec Michel Congo. Mis en concurrence avec "plus jeune et plus intelligent que lui, son honneur atteint avec la possibilité que sa femme lui échappe", Saïbou Ouédraogo a commis ce crime passionnel, dont l’horreur laisse percevoir la haine vengeresse avec laquelle il a été commis. Ce ne serait pas une "erreur judiciaire" de le condamner car, "il faut aller au-delà des éléments matériels constants, pour interroger les faits et mettre la société à l’abri des criminels".

"La preuve matérielle n’est pas indispensable à la manifestation de la vérité", terminera-t-il, indiquant "qu’acquitté", Saïbou Ouédraogo commettra d’autres crimes sans être inquiété et la société sera dans "une psychose permanente".

Un brillant argumentaire qui ne prospérera pas, d’autant que dans ses réquisitions, le Parquet a indiqué que "des éléments peuvent faire planer le doute". Il n’existe "aucun indice matériel, aucun témoignage" pour l’incriminer, dira le parquetier qui a plus insisté sur "l’intention coupable" qui aurait pu existé chez Saïbou Ouédraogo du fait qu’il était "cocufié". Du pain béni pour la défense qui saluera les réquisitions "honnêtes" du ministère public. Le but du procès pénal étant la recherche de la vérité et, le procès ne l’ayant pas permis, qu’il plaise donc au tribunal de le "relaxer".

"Le doute doit profiter à l’accusé", et cette histoire "fallacieuse" a été "montée de toutes pièces par le parquet, pour tuer le dossier Michel Congo à l’instar de celui Oumarou Clément Ouédraogo". La Cour suivra la défense, acquittant l’inculpé et mettant les dépens à la charge du trésor public. Le mystère reste donc entier dans cette affaire et il reste à souhaiter que la vérité se manifeste un jour. Pour que MichelCongo repose en paix.

Boubakar SY



16/10/2011
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