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Article 37 : Un référendum pour quoi faire ?

Article 37 : Un référendum pour quoi faire ?

vendredi 28 octobre 2011

Les rideaux ont été tirés sur les assises régionales consacrées aux travaux du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) en attendant les assises nationales, et les Burkinabè (classe politique et société civile) ont toujours une vision floue de l’avenir de l’article 37.

Quel sort sera réservé à cet article ? Telle est la question qui taraude les esprits. Si ce sujet à débat sans fin (SDF) continue à remuer le lanterneau politique, c’est qu’il y a un embrouillamini qui est entretenu presqu’à dessein sur cet alinéa relatif au mandat présidentiel.

Et la fin des fora régionaux relatifs au CCRP nous aura encore édifié sur les hypothèses relatives au devenir de cet article.

Outre certains hors sujets qui ont été entendus dans certaines régions, 3 pistes se sont dégagées des 13 régions, où les restitutions des travaux du CCRP ont eu lieu :

1) Il y en a qui proposent que l’article 37 reste en l’état. Pour eux, le bail de Blaise Compaoré ne doit plus être renouvelé en 2015, car justement l’article circonscrit tout désir de rester au pouvoir à 2 mandats. Ces partisans de l’irévisabité de l’article sont d’ailleurs les plus nombreux.

2) Il y a ensuite la catégorie de participants à ces réunions régionales dont le vœux est de verrouiller davantage l’article 37, qui a été charcuté par 2 fois en 1997 et en 2000. Pour eux, il faut "marbrer" cet article de tel sorte que sa révision devienne impossible. En clair lui appliquer l’intangibilité.

Ce deuxième camp rejoint le premier, c’est-à-dire qu’ils sont horripilés par un toilettage de l’article.

A la seule différence que ceux qui veulent qu’on cadenasse encore plus le fameux article querellé peuvent tomber dans un traquenard juridico-casuistique :

en corsant la non-révision de l’article par un amendement, on le modifie de fait, alors il devient un nouvel article 37. Or c’est connu, la loi n’est pas rétroactive, mais dispose toujours pour l’avenir.

Moralité : Blaise peut prétendre à un 5e mandat dans ce cas, à moins d’introduire une clause pour stipuler que celui qui a déjà fait 2 mandats ne peut plus se présenter ; ce serait alors un article dirigé spécialement contre le locataire de Kosyam. Pourtant la loi est d’essence impersonnelle.

La 3e proposition, la plus permicieuse, car porteuse des germes de la tambouille, qui a émané de ces conclaves régionaux est le référendum. Disons-le net : ceux qui surfent sur cette voie, c’est-à-dire sur l’aval populaire, n’aiment ni Blaise ni le Burkina Faso : on n’a pas besoin d’être un Paganini du droit constitutionnel pour savoir que le oui massif l’emporterait, et que ce serait encore un boulevard pour le président sortant. Personne n’ignore pourtant qu’un 5e bail de ce dernier est très crisogène.

Qui avait prévu que courant février, mars, avril et mai 2011 des hordes de Burkinabè allaient dépaver les rues et artères du Burkina Faso et que des militaires allaient piller, voler et violer ?

L’aspiration à l’alternance est une donnée naturelle de la démocratie. Encore faut-il que tous les acteurs politiques jouent le jeu.

- Au Ghana, John Jerry Rawlings se rend souvent de chez lui à l’hôtel Golden Tulipe (au volant de sa 4x4, vitres fumées) pour deviser avec des amis venus de loin au vu et au su des Ghanéens. Ces derniers savent pourtant ce que le flight captain a fait dans les années 80 (faire bombarder un marché d’Accra, fusiller d’ex-dirigeants...) ; tout dépend d’où il a mené le Ghana et de comment il a quitté le pouvoir.

- Alpha Omar Konaré, bien qu’invisible à Bamako, va de temps en temps de sa villa de Titibougou à la banlieue de la capitale pour rendre visite à des amis d’enfance ou à l’aéroport, et il voyage sans que rien lui arrive.

Bientôt après le 8 juin 2012, ATT pourra également circuler allègrement à Bamako et ailleurs.

- Plus loin, Joachim Chissano du Mozambique, auréolé de son prix MO Ibrahim, joue au médiateur de la SADC dans les brûlots de l’Afrique.

Pourquoi Blaise Compaoré ne pourrait-il pas un jour lui aussi quitter Ziniaré pour aller seul ou avec une légère garde rapprochée rendre visite à des connaissances à Bilbalogho, à l’hôtel Laïco ou à Bobo ? Ou exceller davantage dans la facilitation ?

C’est dans l’univers du possible s’il arrive à déchiffrer impérativement les signes des temps, au-delà des comptes-rendus édulcorés que lui font certains proches arc-boutés à leurs privilèges. Il a dirigé le Faso pendant près d’un quart de siècle, il doit bien connaître ses concitoyens ; savoir ce qu’ils veulent et ce qu’ils ne veulent pas.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga



28/10/2011
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